jeudi 22 mars 2012

effroi de la séparation

Dans les méandres se délite le lien vers lequel on tente de tendre. Fendre le totem, feindre le calme, saignent les larmes. Ô traitres armes,  affables dans leurs pourtours, lorsque l’illusion choit, le vide-à-vide ne tarit pas. Pas un puis l’autre, la séparation arrache à l’être ses sillons. Si on s’avance, elle lâche, si on recule, elle tâche. Tâchons d’en reconnaître les préludes dans ses incantations Bermudes. Rudes sont ses éclats, elle vous anéantit ici-bas. Ci-gît le lien, aporose, la peau rose devient poreuse, peureuse du monde qui émonde. Emondage, hurle à la mort, l’angoisse se masse dans les bris-des-âges. L’asprasse terrasse dans un tour de passe-passe. Sur des générations le Transvivant affecte de ses plus mystérieux poisons. Poids on tue, deux poids deux mesures, la mort rode le matin à l’aube.

Les plus profondes angoisses archaïques tue le jeu, là où le je s’écroule pour ne plus laisser que des morceaux dans la houle. Foule disparate, en un instant éclate. Eclats qui éclosent, explose l’être, bouts de sanguinolentes chaires. Hantent les sphères où la séparation se fond en un éclair. Vouloir exister par soi-même, même tout faire pour trouver un chemin où ça nous mène. Mais la rupture dans le sentiment continu d’exister ne laisse place qu’à l’angoisse. La séparation comme menace permanente, hante. Comme une petite, avoir besoin de la présence de l’autre pour se sentir exister. Comme un fantôme, avoir besoin de la présence de l’autre pour lui donner densité. Insécurité fondamentale, du code, trouver le Graal.

samedi 3 mars 2012

matin

Le matin tout s’emmêle, pêle-mêle, une journée à affronter, sur le front de la vie se tissent ceux qui fléchissent. Hisser les couleurs, à la bonne heure. Se rassembler pour se sentir entier, pour avancer dans la journée. L’angoisse, poisse mélasse, boumielise le corps sans franchise. Traitre mot qu’est celui du réveil, flanche la bouteille vermeille. Il faut tirer à soi les morceaux éparpillés, par ci par là, sans parcimonie. Tout est éclaté, le sentiment d’exister s’est fait la malle, vous laissant nu sur la dalle. Ça transperce le corps en dé-corps, de part en part tout happe, tout zappe, rien ne garde consistance, le vide-à-vide aspire toute forme de vie, ne laissant plus que la terrifiante errance. Rance aigreur, la lie se lit seule, et la mort feule. Vouloir pour ne pas choir ; mais la volonté est à point nommée comme un mauvais soufflé. Funambule qui cherche en vain un équilibre dans tous les calibres, les pas se font hésitant et tremblant, corps déchiqueté, ô la chaire ensanglantée, la pulsoyance ne trouve plus de sens, encense le mortifère qui fait que s’écroule chaque pierre, hier encore en bonne santé, insupportable calamité.

Le sommeil crée un havre sécurisé où il possible de se reposer. La couette enveloppe le corps, l’empêchant  de partir en flop. Alors quand le jour pointe son nez, et que de force il faut s’extraire de ce nid béni, la tension malmène tant et tant les sillons de l’être. Passer d’un univers où la douceur éloigne la frayeur à un univers où la douceur se meurt, ainsi en va de la matinée qui pointe son nez. Passer du confort du sommeil à la bouffée d’angoisse qui n’a de cesse de faire ployer même les plus avisés. Oppression , le vide fait suffoquer, impossible de se dire que ça va aller quand tout le corps est liquéfié. L’éternel instant, sidération, la bouliémisation fait son apparition.

La parole s’enferre dans des cratères . La quintessence a perdu sa pulsoyance. Les mots deviennent des coques vides sur lesquelles glissent les sensations, vide-à-vide plein d’angoisses. Les courbures lettrées en revanche ancrent dans le corps des ressentis qui semblent sinon s’évaporer en un frisson. Ecrire pour ne pas sombrer, pour pouvoir partager ce qui traverse, bercent les courbures lettrées.

La matinée s’en fut passée, danse l’éternité, et tous les jours recommencer.