La perte de l’évidence naturelle, le corps se dédensifie,
dansent six filles, le voile du familier se trouve pulvérisé. Ce qui paraissait
évident se voit évidé. Les scripts sociaux deviennent étranges, signes d’un
sens qui les dépasse au fond de la crevasse. L’image qu’ils renvoient reste
toujours la même, mais la quintessence (cette essence qui se cache derrière
l’image) s’en trouve altérée. Altier, le mouvement du monde devient
insaisissable. Sable égrené sans fin, la plage à l’infini, chaque mouvement
devient vain, vin sournois, n’être qu’un passage où les rayons cosmiques
envahissent à l’heure fatidique. Chaque mouvement devient plat, dédensifié,
proie de l’asprasse qui terrasse ; chaque mouvement devient automatique,
comme orchestré de l’extérieur, à la bonne heure. Les mots sont soudain atteints
d’étrangeté : ils apparaissent dans la pensée bizarrement, ils ne revêtent
plus le sentiment de familier, ils perdent leur chaleur. La réalité familière
cède et laisse place à l’asprasse, au Réel, toxique fiel. Tout revêt alors une
qualité étrange, on ne se sent plus du tout à l’aise, le goût perdu de la
fraise. La seule manière d’échapper à ce terrifiant malaise, c’est de
structurer le temps, de le maitriser dans des moments ritualisés.