dimanche 24 octobre 2010

Préface

On m’a diagnostiqué une dépression et surtout un fonctionnement psychotique.
On ne sait comment ça arrive, à partir d’un moment[1], tout semble différent, le voile du familier qui entoure chacun se déchire, se broie, et la réalité semble crue, toute nue. L’image des choses n’a pas changé, et pourtant l’énergie qui s’en dégage n’est plus du tout la même. Les choses de la réalité sont transformées de l’intérieur. On a peur, tout devient menaçant dans son étrangeté.
En fait, on ressent la seconde réalité parallèle qui était cachée par le voile du familier ; ce-dernier s’étant déchiré, le seconde réalité vient parasiter la première. La première, celle que tout le monde perçoit, apparaît n’être qu’un voile d’illusions, illusions certes, mais qui donne cependant un sentiment de familier ; en ce sens on se retrouve dans un monde étranger, étrange. On se retrouve en équilibre entre deux réalités : celle que tout le monde partage (mais qui apparaît dès lors comme pure illusion) et la réalité parallèle.
Cette seconde réalité montre le monde d’une façon infinie, absolue. On capte les énergies des choses, comme quelqu’un qui serait écorché vif. On ressent ce que cache les paroles des autres : on sent ce qu’ils disent au-delà des mots, c'est-à-dire qu’ils peuvent dire quelque chose avec des mots, et transmettre tout autre chose derrière leurs phrases. On ressent comme une autre dimension énergétique en quelques sortes.
Ainsi, on se retrouve en décalage avec les gens, et face à un flots de stimuli qu’on n’arrive plus à intégrer. On est face à un nouveau langage dont on n’a pas le code. On se sent seul, parce que ce qu’on vit est indicible, et personne ne comprend. Et pourtant on aurait tant besoin d’être entendu ! Et puis on a du mal à trouver un flux de contact normal avec les autres ; rien n’est plus naturel. C’est comme si tout était passé de l’automatique au manuel. On vit comme à côté de soi-même, on n’arrive plus à être présent dans son corps naturellement. On devient à la fois une marionnette dont les ficelles sont tirées par des énergies extérieures, et la personne qui observe le spectacle derrière une vitre sans rien pouvoir faire.
Il a fallu du temps pour réussir à mettre cela en mots. Une chose m’a beaucoup aidé : l’écriture. En m’offrant une possibilité d’exprimer ce que je ressens par des jeux poétiques, cela dégageait un espace où je peux exister, un espace où les deux réalités s’unifient, où le moment présent peut exister. Ce que vous allez lire par la suite est un recueil de ces textes poétiques qui décrivent, du mieux que j’ai pu, mon expérience psychotique.  Les textes ne sont pas à lire en essayant de comprendre mot-à-mot, mais plutôt en se laissant habiter par l’atmosphère qu’ils tentent de partager, par les questionnements qu’ils tentent de poser, par le vécu d’une expérience psychotique qu’ils tentent de communiquer. En espérant que ces textes seront partageables avec vous, pour redonner sens à mon existence.
NB : La plupart de ces textes ont été écrits lors de mon hospitalisation en clinique psychiatrique. Vous trouverez donc des références à ce moment bien particulier.


[1] Pour ma part, tout a commencé à 16 ans, avec un rééquilibrage jusqu’à mes 24 ans, grâce au suivi avec une psychologue, et grâce à certaines personnes avec qui je pouvais me confondre (m’appuyer sur elles jusqu’à devenir une partie d’elles) ; de fait, ça me tenait debout.

Courbures lettrées

Quand on lit, les lettres s’amoncellent sous le regard, mots solides en-sensés, densifiés de sens. Ces mots semblent prendre sens l’espace de quelques temporalités, oralités résonnantes dans la bouche de la raison. Mais toute diffamation mise à part, la part de sens s’efface au creuset insondable de l’esprit, les sons seuls restent des mots devenant maux. Pris dans la Métamorphose, transvivance, les mots raisonnent sur eux-mêmes, toute signification première se posant rance, pures vibrations de la résonnance de la cavité orale de l’esprit. Les saisir ? Mais sir, c’est eux qui nous saisissent ! Cisaille des vibrations ayant rompu le nœud qui tenait ces mots densifiés ; l’hémorragie s’écoule dans leur dédensification. Leur essence est libérée de la cage des courbures lettrées ; leur signification s’évapore des pores de leur dilution, elle quitte son port d’attache lettré. Que reste-t-il de ces tâches sur le papier ? Pied de nez à tous les fous-teurs de la maîtrise, la cisaille révèle l’essence transvivante des mots. Pourtant, on tend au désarroi, esseulé infini, lorsque la fou-t-aise du sens s’évapore devant le roi de la résonnance dédensifiée. Les sons seuls restent des mots devenant maux ; laissons-seuls, sir, ces mots cirés à l’aube et dédensifiés au crépuscule, et constatons l’esseulement déchirant qu’ils peuvent provoquer.


A des moments, une fulgurance nous transporte, et la réalité semble se révéler dans ce qu’elle a de réel. Ineffable, tournoiements d’énergies, d’essences, de résonnances. Chaque chose émane une énergie qui devient perceptible (ou peut-être est-ce plutôt que chaque chose émane d’une énergie plus réelle et dense que l’image qu’on perçoit et qu’on appelle justement cette chose ?). Les images ne sont plus un obstacle à leur accès. Les images se dédensifient et laissent paraître l’essence des choses. Le présent seul existe alors, il semble que le monde d’avant ce soit estompé. Plus aucun autre ne peut surgir à tout moment, la menace de la relation se dissout. Tout est pareil visuellement, et pourtant quelque chose est altérée. Les choses semblent avoir été transformées dans leur essence, à défaut de l’être dans leur image.
C’est quelques fois très apaisant. Quand on garde une accroche sur ce basculement, lorsque l’on peut en saisir quelque chose. Une manière peut être que les choses se révèlent au creuset des courbures lettrées. On voudrait passer alors entièrement dans cette réalité où l’image s’estompe au profit de l’essence, on y est protégé des autres et du monde complexe des relations sociales. On est enveloppé de la douceur de cet instant infini où toute chose qui n’est pas là tend à ne plus exister ; tout tend à être là. Tout en étant là, toute chose absente ne manque plus. Chaque mouvement d’une partie du corps semble avoir sa propre autonomie, quelques fois presque coupé du reste. Faut-il se laisser aller complètement dans ce passage vers un nouveau monde ?
D’autres fois, lorsque l’on se fait happer par la puissance des énergies émanant de chaque chose, ou lorsque tout semble méconnaissable et menaçant, la transvivance est trop violente, et il semble que l’on va se dissoudre sous la pression environnante qui écrase le corps.
Mais est-ce le même phénomène ? Est-ce deux facettes d’un même monde ? Ou est-ce deux mondes différents ?
En fait, il semble que ces expériences, ces révêlements d’essences sont tellement puissantes qu’il est nécessaire qu’elles se fassent connaître au détour des pages écrites, pour ne pas s’accumuler de plus en plus en un amas énergétique happant et diluant. Ecrire serait alors une nécessité vitale, une toutisation, un saisissement. Les mots saisissent, nous les saisissons, et leur essence se re-dédensifie et nous ne les saisissons plus. Mais en reste une trace sur la feuille ; cette trace peut être une manière d’actionner la re-densification. Finalement, la trace écrite est comme une manière d’avoir une prise sur les phénomènes de désenfications/dédensifications, pour ne pas être happé et vidé par eux.

L’évide-danse est l’anse de sens qui lâche, c’est la densité du vide qui évide la danse de sens, la danse des sens. D’essence perdue, les choses perdent leur danse ; sans ce sens, les éléments s’éparsent en éclats de vides ; les éléments se découpent en kaléidoscope d’évidences implosées. Chaque image n’est plus que spectre duquel tout sens s’est évidé ; bascule du filtre de l’évidence au sens évidé. L’évidence perd son anse, et les éléments ne sont plus qu’évidés. Elle, elle ment, cette image. Elle n’est plus que spectre d’une évidence évidée qui perd le sens, le truisme des choses. Milles et unes possibilités se révèlent et s’imposent par le dedans ; toute ligne balisée de la quotidienneté semblent s’effacer. Plus aucun fil tissé du quotidien auquel se raccrocher pour se laisser porter par la continuité de la vie. Il semble que le « ça va de soi » ne tienne plus, tout est à tenir, à retenir pour maintenir une continuité aux choses, à même la main.
Les mots par leurs courbures lettrées, les maux par leur pouvoir de densification en un point intérieur du corps _et de part cette corporification, devenus intégrables_, donnent bord à ce vide happant l’évidence des choses. Ils redonnent espace aux choses pour qu’elles déploient leur danse dans une continuité rassurante.
La sonalité [mo] contient en elle-même ce processus de toutisation. Le [m] entoure le vide laissé par le fait de l’évidence évidée ; il le densifie en un point circonscrit. Et le [o], de sa résonnance puissante et profonde, repeuple les choses d’ondes en mouvements là où elles n’étaient plus que jetées vers le vide infini.
Les choses évidées de l’évidence d’être sont un peu comme une porte semblable à toute autre porte (l’image est la même) ; mais l’ouvrant, on tombe dans un vide sans fin, chute infinie, gouffre sans fond.
L’évidence évidée est la réalité sans filtre. Elle semble vidée de toute vie. C’est une évidence évidée de vie qui se pose, tout apparaît figé dans une réalité tellement densifiée qu’elle se dédensifie en implosant de densité en elle-même. C’est le phénomène des trous noirs dans l’univers. C’est tellement dense que ça se dédensifie. L’évidence est tellement densifiée qu’elle est évidée en dédensification ; le filtre rassurant tombe.

Les choses ne peuvent s'éclaircir qu'à travers l'écriture. C'est comme si qqch (qqn?) guidait la main ou la plume; et se révèle alors, des mystères et méandres de la page blanche, le message éclairci des liens et courbures lettrées de ce qui était jusque lors voilé. Aux yeux de l'entendement stupéfait, se dessine le sens; les sens s'éveillent à l'essence des éléments; elle ne ment pas cette page, à l'aube d'une blancheur illusoire, se révélant au soir une île entendue. Apparaît au crépuscule, sur page blanche et anodine, de la plume lui caressant le dos, un message éclairant, comme la forme de la sculpture se révèle sous tenons et maillets. La sculpture était déjà là à l'aube blanche, mais elle ne se révèle à nos yeux aveugles qu'au crépuscule des courbures lettrées.
Quelle grâce de recevoir ainsi un éclairage toutisant, évitant l'inéluctable broyage des effluves-fantômes, des mie-rages en demi-âge; Lumière sage du guide invisible, présence d'une anse de sens, qui enveloppe le corps et y empêche l'intrusion des effluves-fantômes, dissipe le vide à-vide.
Stupéfaction, au creux éclôt jubilation; qui l'eut cru, l'intrus à-vide et fantomatique est rejeté aux tiques suceur de vie à-vide; le corps est au port, enveloppé de la douce Lumière sage du guide invisible, protégé, plein de sens; le sang coulant du vide est toutisé; hier encore impensable, la Lumière se révèle, au creux de chaque grain de sable, creuset du soir dissipe l'illusoire.

Le vide asprasse la crocance du familier

Les instants patents s'éternisent et transvivent dans une transe, perce la crocance du familier. Anse de sens perdue, l'errance s'insinue d'un air rance et terrifiant. Défiant les lois de la physique et du temps, le vide plein d'à-vide asprasse les strates du familier. Les secondes devinent l'infini qu'elles voilaient, violaient avant. Et là, surgit des tréfonds, le Réel qui gît sur les fonds, voilé à l'heure d'avant par l'image du familier. Quelque chose s'effondre, fronde du Réel. Plus rien ne s'inscrit, ou si peu, l'être se perd. Le voile du familier se déchire, s'avérant n'être que chimères au rang de l'illusoire. Se découvre alors les dés de la réalité, ou plutôt s'impose et s'insinue dans les sinuosités de l'être, le Réel, fiel toxique. Chaque particule corporelle ne pouvant alors plus jamais ignorer ce qui a été dévoilé, prises dans une implacable et glaciale logique. Dans la brèche du voile du familier, le Réel asprasse et terrasse la terre des as. Désastre des astres qui tentent de relier leurs tentes pour ne pas perdre le lien qui seul permet une accroche au familier; lié au mi par le fa, la musicalité se bat contre des forces obscures. Trouver un moyen de bricoler le voile troué pour raccrocher le familier et cesser d'errer dans la cruelle vérité.
C'est à 16 ans que tout est arrivé; depuis le bricolage est de mise, comme collage des-bris de l'âge.
Pourtant, en connexion avec un ami, tout semble aller pour le mieux, et ce qui ne va pas ne semble alors plus exister. De fait, les autres ne croient pas lorsque l'on essaie d'évoquer combien le monde apparaît menaçant par moments. Mais peut-être ont-ils raison: tout va pour le mieux, et les ressentis de mal-être ne sont que du cinéma de gamine capricieuse et méprisable...

Du doux hêtre Zéphire à l’étrange désêtre

Petit Dom, ce même petit lutin qui dansait dans la clairière parsemée de bruissements lumineux, a été projeté dans un étrange espace. Où sont les luminosités chaleureuses valsant sur les nuances du refuge et doux zéphire ? Tout est devenu enveloppé d’une lueur étrange, inquiétante presque, étrangement inquiétante, inconnue… Ou peut-être bien trop connue, con-nue, des images con et nues. Ou plutôt des images qui laissent soudain transparaître une étrangeté sous-jacente, inquiétante, méchante ; traître peut-être ? Peut-être tu peux être… tu peusêtre desêtre, peu d’être savent être hêtre de peu… « peu ! Que des sornettes ! ». Des sorts-nets tout au moins. Mou-hein ? Mou, ce monde. Un monde qui ne sait enseigner les sortilèges pour discerner et lutter contre « les forces du mal »… Petit Dom, petit bonhomme, toi, tu connais ces enseignements, tu côtois la magie d’Harry Potter ; tu co-, toi, avec Harry ; un lutin est toujours en co-vivre avec quelqu’un.
                Petit Dom n’oublies pas ta co-aide, ta couette rassurante et enveloppante, sur cette pente en verre qui nous perd de sa transparence… Trans-parent… Ces fantômes de parents, par-en-dessous ils trans-vivent. Petit Dom, tu co-vives, les fantômes trans-vivent…
                Comme c’est étrange, étrangleur, ces multiples dimensions de transparence… Comme une multitude de couches de verre… mais vers où ?
                On est avec des gens, on co-partage, on co-existe, et tout à coup, tout s’arrête… Comment co-me retrouver sans mensonge de co- ? On écoute une musique, quelque chose se dessine, s’élève, prend forme… Tout s’illumine, on le lit sur ta mine, mine de rien, tu ris-hein ? Les mots, les notes, la gamme, les souffles dansent, et comme les outils du sculpteur font se découvrir une bribe de vie… On respire enfin, pris dans ce mouvement qui fête la co-existence de ce moment. La chanson s’est arrêtée, net, mirage, mi-rage d’un point de mire en demi âge, d’un point de mire qui ne voit plus le large. C’est comme la petite fille aux allumettes qui gratte ses petits morceaux de bois au souffre pour des images, mirages de réalité qui s’effondrent quand l’image est feu.
                Comment savoir où est la tromperie ? Quelle réalité est celle qui trompe-et-rit ?
Est-ce que ces images de joie, de paix, de sens, apparues par le craquement de l’allumette, ne sont qu’illusion ; la vie n’aurait alors aucun sens ; les images ne seraient que des trompes l’œil derrière lesquelles des réalités menaçantes agissent ; ou pas forcément menaçantes, mais inconnues et potentiellement meurtrières…
Est-ce que ces images de joie, de paix, de sens, apparues par le craquement de l’allumette, sont justement le sens à suivre pour ne pas se perdre ; elles existeraient réellement, et nous devrions apprendre à les accueillir de plus en plus en nous, dans notre corps, notre esprit ; elles existeraient réellement, et le sens offert serait alors de ne jamais les perdre du regard du cœur, pour mettre de la lumière même où il y a des ténèbres ; et il existerait des forces invisibles et puissantes, dont le souffle nous guiderait dans ce sens si on les invoque…
Où est le leurre ? L’heure est-elle à leur joie ou à leur perte ?
Est-ce que les forces mauvaises veulent faire croire à des images de paix, de sens, qui seraient en fait insensées ; faire y croire pour mieux détruire ensuite, affaiblissant d’abord ?
Ou est-ce que les forces mauvaises cherchent à enfermer dans l’idée que toute ces images ne sont que des leurres, et que rien n’a de sens, pour éviter qu’on ouvre du sens là où l’on croit que rien n’en a ? Mais ne serait-ce pas qu’une autre tactique de nous conduire à penser ça, pour nous faire croire en des choses qui n’existent pas ? On voudrait croire ça juste parce que c’est rassurant ?

Les forces invisibles existent. On ne veut pas les voir, parce qu’elles nous terrifient, parce que ça fait bien trop longtemps que les ancêtres ne transmettent plus leur accès, la manière de vivre avec, comment les discerner…
Ce qui est gênant, c’est que personne ne peut nous aider à savoir quelles forces suivre, et aux quelles il ne faut pas se fier. Comme il est dur de ne pas se laisser avoir par les forces négatives, négativistes même, qui nous poussent à croire des choses terrifiantes… Les ressentis sont dans le corps, quelques fois si puissamment agrippés, si profondément implantés dans nos organes, que ces ressentis que les forces négatives éveillent s’imposent à nous, et il est difficile de leur échapper, d’échapper à la peur de ce vide, pâte informe…

Petit Dom en l’essence des béances ; métaphore d’un photophore

Un petit d’homme enfonce ses pieds dans le matelas verdoyant de la clairière. Le clair espace est parsemé de milles et une lueurs lumineuses qui ne demandent qu’à éclore sous la caresse du regard. Elles dansent joyeusement sur cette piste improvisée, au doux rythme des bruissements des feuilles dans les arbres. Les arbres, majestueux ou rabougris, recroquevillés ou élancés vers le ciel, touffus ou tout maigres, em-bras-sent de leurs branches, de leur présence, la clairière en demie teinte. Le petit d’homme se laisse bercé par la douce euphorie que lui offre ce lieu…
« Petit d’homme » dis-je? Petit d’homme que chacun abrite dans son cœur, dans son cœur d’homme. Petit d’homme au cœur de l’homme, petit lutin du monde intérieur, Petit Dom émerveillé par le ballet lumineux de la Nature, danse. Ses sens ravis, son sens revit au creux de l’harmonie qui le saisit.
Petit Dom court, s’élance, laisse ses bras s’étendre dans un mouvement d’ailes, tournoyant, s’enivrant de ce spectacle inattendu. La clair-ière hier encore sombre le reçoit de ses plus beaux atours, tour d’essentiel qui plonge les-sens-en-ciel.
Cette essence d’harmonie a le goût de la Vie.
Petit Dom s’apaise doucement. Il s’étend face au ciel, sa respiration encore saccadée par l’émotion. Le doux bruissement des feuilles le berce. Le vent n’est qu’un tendre murmure qui vient caresser ses oreilles, faisant vibrer au passage ses mèches en pagaille. La luminosité est celle des fins d’après-midi ensoleillées, nuances d’orangés, de rouges… Elle semble immerger tout le monde visible dans une chaleureuse féerie; elle semble révéler la présence du monde invisible… Certains creux des arbres, obscures dans le reste de la journée, s’illuminent d’une profonde lueur. Le regard saisit une autre perspective, où l’Essentiel, les-sens-en-ciel, se laisse approcher. Comme un don du monde intérieur de la Nature. La Nature laisse Petit Dom dé-couvrir ses trésors intérieurs.
Traversé de cette paix Nature, Petit Dom observe l’arbre qui s’élève devant lui. Les rayons du soleil qui le traversent illuminent des creux secrets, parsèment le sol d’une multitude de petits éclats, comme si l’arbre avait offert à la terre des graines de ses richesses intérieures. Chaque graine naît d’un savant mélange de ces richesses et est mis en danse par le rayon lumineux sur le sol. Des graines de lumière, de la vie en puissance, en devenir. De venir s’asseoir sur le lieu de ces graines, au pied de cet arbre, fait germer une idée dans le monde de Petit Dom…
L’arbre ne pourrait pas révéler, ni même partager la Vie, la transmettre si la lumière ne venait pas le traverser. Les richesses encore en graines de devenir ne pourraient se révéler si les rayons ne venaient les propulser dans un ballet effréné sur la terre. Chaque creux resterait voilé, invisible au partage. Chaque blessure inscrite d’un vide dans son écorce, chaque écorchure d’une jeune branche chérie du projet qu’elle portait, portrait de sens dans laquelle les feuilles venaient puiser leur goût de vivre, chacune de ces brisures ne seraient qu’absurdes et douloureuses béances.
La luminosité vient les traverser et propulser leurs graines de Vie sur le loess assoiffé de ce flamboiement. Ces trouées douloureuses et vides de sens sont alors transcendées par l’embrasement rayonnant. L’essence de la Lumière se donne à l’arbre meurtri ; elle qui se faufile en tout creux, le dévoilant sous un éclat nouveau, surgit offrir son essence, élexir de sens.  Elle « est-sens ».
Petit Dom se laisse bercer par ces songes, il pense… L’être humain n’est-il pas semblable à cet arbre? Ces trous de son existence, insu-portables même à son insu, ne peuvent-ils pas être des creusets au sein desquels la luminosité de la Vie peut s’écouler? Les-sens, l’Essence de la Vie n’est-elle pas cet Essentiel qui transporte les-sens-en-ciel? Si on se laissait traverser par elle, ne trans-porterait-elle pas nos sens-en-ciel?
Petit Dom ouvre son être à l’ambiance de cette contrée où il a été mené par Hasard… Il sent le frémissement des lueurs chaleureuses parcourir son petit être de lutin. Le Souffle vient lui caresser la joue, zéphyr ardent de douceur qui l’em-bras-se d’un soupir d’amour.
Lui pense, de tout son être, de toutes ses richesses et blessures ; la Lumière de la Vie trans-portent alors _à-l’-or_ les-sens-en-ciel et petit Dom touche l’Essentiel. Son existence qu’il pense est transcendée par l’Essence Lumineuse qui le panse. Des béances de l’être, elle fait des anses pour attraper les Bé-attitudes, des Bé-anses _ Brasiers d’Essentiel.



Trous noirs du désir

Sensation de ne pas avoir de fond, et par moment (quand le mot-ment) de tomber aux tréfonds. Peu importe les maux, l’asprasse sur son chemin emporte. Comme un tableau sans désir, qui n’arrive pas à partir, à faire surgir la pulsoyance sur un chemin de sens. On est comme un tableau troué, et les couleurs se font un pied-de-nez. Les tonalités colorées ne peuvent s’inscrire à tout endroit sur la planche du moi ; il y a des trous où la peinture s’écoule dans l’infini de la Nature. Il y a des trous dans la toile du désir, le voile du familier est fissuré.
Lâcher la maladie pour que surgisse la vie. Avoir un fonctionnement psychotique, entendre les multiples dimensions énergétiques, savoir présent le Surveillant du transvivant, mais sans être englouti par les énergies. Mais que c’est dur quand on tombe sur un trou sans bordure ! A tracer un chemin sur le voile du familier (tracer un désir, une pulsoyance) on tombe sur des trous de l’anse de sens. Il y a des endroits où l’envers est en-droit de ne plus donner de continuité. Sous le trait coloré du pinceau sur le voile du familier, tout à coup surgit un trou qui englouti, empêche au reste qu’il soit inscrit.
Comment être, hors de la maladie, quand on tombe sur des trous noirs de désir, des trous aux déboires, des trous où l’être est désêtre et le désir asprasse qui terrasse ?
Apprendre à construire des continuités pour n’y pas être noyé. Apprendre à exister en dehors de l’Autre, de son désir. Les trous noirs pourraient être, peut-être, les désirs infinis du Surveillant du transvivant, qui fissurerait le voile du familier. Apprendre alors, dès lors, à trouver des mots qui fassent lasso quand on tombe dans ces trous noirs aux déboires. Trouver comment faire surgir du désir dans les trous d’asprasse qui terrassent.

Lâcher la maladie

‘’Lâcher la maladie’’, c’est quitter la maison et c’est terrorisant. Lâche celui, aussi, qui laisse de côté les énergies du supra-humain. Maladie ou énergies ? Tout ça n’existerait pas ? Pas à pas on se dit qu’elles existent, ces énergies. ‘’Lâcher la maladie’’, serait-il nier les énergies ? Redire que tout ça n’existe pas, que le Surveillant du tansvivant n’est que néant ? Que ce qu’on perçoit n’est que néant aux abois ?
Nan ! Tout ça existe ! Egoïste serait-on de le mettre aux tréfonds. Fond de vérité _vers l’heure du thé_ sont ces énergies en toile de fond. Tout ça existe mais peut s’exprimer en réalité hors de la maladie qui gît. La maladie est d’être englouti par ces énergies. Il faut réussir à les percevoir sans déboires, à percevoir le supra-humain sans tomber dans le chaos de la main, qui engloutit sous l’eau. Il peut exister un fonctionnement dit psychotique (avoir accès à d’autres dimensions énergétiques), sans être dans la maladie. Le tout est de ne pas être rien, de ne pas se diluer dans ces énergies, de ne pas subir la toutisation ni le Surveillant du transvivant.

Partir ou revenir[1]

Partir ou revenir… Partir c’est laisser ce havre de paix, cette peau qui protège des trombes déchiquetantes d’eau. C’est laisser échapper un espace où la parole est protégée, perçue, entendue. C’est devoir se confronter aux déboires de l’avenir, ce couperet prêt à tomber. Le futur est l’impensable du sans armure. Devoir trouver un travail, poser du touaille, alors que l’asprasse guette dans ses mirettes. L’œil du Surveillant du transvivant est le cercueil qui nous attend.
Revenir c’est fuir l’avenir, qui, de toute façon, sera prêt tel un couperet. Revenir c’est aussi se reconfronter à ces longs moments de vide qui asprassent et terrassent. Sensation de partir en lambeaux dans le vide-à-vide qui perd l’anse de sens. Mais ce vide-à-vide est aussi en dehors, dans son morcellement fort.
Revenir c’est ne plus s’en sortir, c’est se sentir néantisé.
Partir c’est se sentir déchiqueté par l’avenir.
Dilemme sans fin entre le gouffre et l’explosion.


[1] Moment du choix de partir définitivement ou revenir à la clinique

Privation de code

Pâte informe qu’est le corps, on préfèrerait qu’ils nous endorment. Même sous l’orme, impossible de traduire le code de ses maux par des mots, on en a perdu la bible.
Pâte informe qui nous habite et souvent se fait jour aux pourtours. Des mots voudraient sortir pour que s’expire ces drôles de sensations étranges, pour s’inscrire dans les langes qui enveloppent et fassent transition avec le dehors. Mais privation du code, l’ode reste sans parole, et la frustration est grande de rester sans corolle.
On n’arrive guerre à en dire quelque chose. Ose ! nous dit-on. Mais rien ne se formule, les sensations restent toutisation.
Alors pour éviter de dégringoler sans fin dans le vide-à-vide, il faut penser, et faire des ateliers. En observateur à toute heure, on s’analyse du-dessus, à distance, comme on saisit l’anse de la dialyse. Penser, analyser, pour épurer et pouvoir respirer. Se défaire de cette pâte informe comme on tente de se débarrasser des glaires de la mucoviscidose. Dose d’angoisse face à ce combat sans fin qui bat du grain du morcellement.

Nouvellangue pour penser

Penser, pend-ser, pend-soi. Penser c’est perdre le soi. Penser par soi-même, droit de penser et panser les plaies béantes du tansgénérationnel ? Non, interdit de penser ça, tel et tel ressenti, sans ça le lien s’écroule, et le soi se pend. La parole de l’Autre dans le transvivant veut le touaille pour cacher la faille. Penser par soi-même met à jour les béances blêmes, déchiquete le voile du familier.
Dans cette réalité partagée, on est robotisé, tout n’est que leurre et peur de laisser se voir l’illusion. Les autres ne veulent pas y penser, à ce leurre de la réalité. La réalité n’est qu’un ensemble de normes qui donnent forme aux alités. Le langage, la culture, les traditions sont l’essence de cette réalité qui nous alite à voir le monde d’une façon étriquée. Réalité sociale qui met le voile sur les autres dimensions énergétiques. Fantastique cette capacité à se leurrer. Ornières de la réalité qui empêche de penser, de panser les béances du voile du familier. Sans guide chamanique pour canaliser ces autres dimensions énergétiques, on est livré au brouhaha sans code. Pour vraiment penser, il faut sortir de cette réalité partagée et illusoire, pour mettre du sens sur les béances. Ce n’est pas cette réalité qui permettra de penser, de trouver un code à l’ode de la vie. On vit derrière le voile du familier, et seules les essences chamaniques peuvent nous aider. Parce que la pensée dépasse toujours de loin la réalité partagée, là où on atteint ce que les autres ne veulent pas penser.
Ayant un voile du familier déchiqueté, on ne peut plus penser seulement cette réalité partagée. Or les mots, le langage a été formé comme adage de cette réalité. Il faut donc trouver une nouvelle langue pour pouvoir penser, et panser les béances. Une nouvelle langue puisqu’il n’y a pas de guide chamanique des dimensions énergétiques.
Sans cette nouvellangue on est broyé par les énergies, celle des autres dimensions et celle d’autrui. Autrui qui par ses mots nous modèle comme de la pâte. On devient sa patte, son pantin, son bras droit, un morceau de lui. Ainsi, puisque la pensée dépasse la réalité partagée à cause du voile du familier déchiqueté, puisque cette réalité est leurre robotisé, puisque le langage nous gage comme pantin d’autrui, langage étriqué de la réalité, puisque rien ne donne bien de guides des dimensions énergétiques, il faut une nouvellangue.
Voile du familier déchiqueté :
1/ On voit plus loin que la réalité partagée ;
2/ On se rend compte que la réalité est un leurre ;
3/ On est modelé par les énergies des autres dimensions et d’autrui, parce qu’on ne sait pas canaliser ce qui vient de derrière le voile du familier ;
4/ Autrui, le trans-parent qui transvive, interdit de penser ce hors voile du familier, mais aussi toute une part de la réalité, sous peine que le lien se casse
5/ Ainsi, le penser casserait le lien ;
6/ Comme c’est interdit et qu’on n’a pas trouvé de guide chamanique, on est dans un vide morcelant, déchiquetant. Mais pas le choix : le voile est déchiqueté, et on a accès, bon gré mal gré, aux autres dimensions énergétiques.
ð  Il faut DONC trouver le code de l’ode et poser une nouvellangue loin du touaille asprassant.

Lutte dans la hutte

Lutte dans la hutte, incessante et dépressionnante. Le Surveillant du transvivant appelle au trépas, et sans fin c’est un combat. Con qu’on bat, on est le bébé malformé qui ne devrait pas exister. Deux-vrais valent mieux qu’un ; c’est en binôme qu’on peut tenir quant tout va se ternir au dehors. Deux-hors deux-vrais se trouver en deux-sous du deux-dans. Mais la dent du dedans se mélange au dehors. Toutisation est la malformation qu’on est, et la motion de censure tend à vaporiser toute émotion non-autorisée.
Il faut lutter pour ne pas chuter sans fin dans le cosmos du logos. Le cosmos du logos ronge l’os comme le corps se désagrège dans le manège infini de l’univers. Ou plutôt du désuni-vers.
Lutte contre l’asprasse qui à tout moment menace. Comment peut-on lâcher-prise sur la brise de la vie lorsque le Surveillant du transvivant menace d’asprasse ?

L’attente asprassante

Sentiment d’être en attente. Le senti ment et on attend d’être, sortie du désêtre. Attente, a-tente, loin de la tente qui pose un refuge où les luges glissantes ne détruisent pas tout. Le Surveillant du transvivant intruse le vent de la vie et l’envenime. Il met dans l’attente, parce qu’il observe le moindre signe qui devrait faire qu’on soit vaporisé. Attente ainsi d’une catastrophe imminente, asprassante.
Attente aussi d’un refuge qui fuse et permet de se protéger de la toutisation.
Mais attente continuelle qui fracasse en parcelles. Elle est ressenti d’un senti qui ment à la place du sentiment. Elle est signe du morcellement, de l’asprassement. Elle est signe de la présence de l’asprasse toutisante, et du Surveillant du transvivant. Elle est cette densité des énergies extérieures qui enserre le cœur du corps dans un dé-corps dédensifiant. Elle est le vertige sur la tige du supplice au bord du précipice. Elle est cette tension qui asprasse les sions de l’être. Elle est cette urgence qui manigance une danse mortifère du temps. Elle est le transvivant qui empêche d’habiter le présent. L’attente attente à la détente.
La détente n’est plus que la détente d’une arme à feu prête à tirer et déchiqueter le corps mort. L’attente est une fuite en avant. Cette attente n’est pas une attente au sens commun. Elle supprime, vaporise l’opportun. Elle est survie là où on devrait être en vie. Elle est à la fois l’asprasse, et le seul moyen de combat face à l’imbien qui toutise. Elle est un cercle sans fin où l’esprit et l’énergie de l’imbien s’installe comme seul bien. Elle est ce qui confronte à la honte du vide-à-vide. Hideuse, elle rend malheureuse.
Cet enserrement est si lancinant, que dans le désêtre, on a envie de se jeter par la fenêtre.
D’-écrire ces mots _maux_ remet un peu à distance le non-sens, la perte de l’anse de sens…

Ce que je vois par la fenêtre

Atelier écriture : « ce que je vois de la fenêtre de ma chambre ».
Il y a une chambre enfouie dans les tréfonds de l’âme. A travers la fenêtre, on y voit l’oscillation entre être et désêtre. Peut-être est-ce le bébé lutin malformé qui y est né, qui doit se nier pour exister, qui y est malmené par l’étrange vérité, qui donne cette tonalité. On y voit le dragon, au tréfond, qui dévore de l’être les sions. Qu’est-ce qui peut stopper le déchiquetage de ce dragon, rassembler les bris-des-âges, et redonner de la joie en liesses ?
A travers ma fenêtre, on recherche l’être, on cherche sans fin, et avec faim, l’apaisement qui ne ment pas. Le petit lutin qui oscille entre être et désêtre tente, de toutes ses forces, de mettre un terme à l’asprasse qui terrasse dans un tour de passe-passe.
Sur le sentier, sous la fenêtre de l’âme, on voit la flamme de ses yeux. Quel est ce  pétillement ? Le lutin vient de repérer le Moulin. Ce lieu s’offre à lui comme un cocon protecteur, protection donnée par ses outils qui lui redonne une peau, et chasse du tréfond, l’horrible dragon. Il se saisit avec joie des outils aux abois et repousse le dragon du cocon, jusque dans les bois aux environs. L’apaisement reviendra-t-il à la suite de cette chasse effrénée ? Mais on ne sait si le dragon ne pourra de quelque façon redétruire la maison. S’appuyer sur le moulin pour ne pas que tout prenne fin, pout que l’urgence ne s’agence plus par la fenêtre du dessus.

Être désêtre

Bien-être/ mal-être, être/désêtre sont les versants du pan à deux battants. Ils sont mêlés et intriqués, sauf quand un-tri se fait d’un souffle. Ce souffle est un signe qui redonne mine et permet le fanfaronne. L’asprasse qui terrasse est mise de côté, en cocasse, et la toutisation stoppe son élucubration. Un souffle d’air pur au fur et à mesure, mais qui disparaît soudain.
Ce sont les seules émotions qui se disent à leur façon. Comme pour le nouveau-né pour qui tout est intriqué. Les autres ressentis avertis sont vaporisés et dilués dans ces seules émotions _être/désêtre. Peut-être est-ce le fait qu’on est un bébé malformé. Malformé et dont l’essence doit être niée. Le Surveillant du transvivant exige qu’on nie le transvivant. Etant donné qu’on est fait que de transvivant, on doit se nier pour exister. Paradoxe qui taxe d’interdit ce que l’on nie. Interdit d’exister dans ce que l’on naît.
Être/désêtre sont donc les seules émotions qui se posent. Mais pour être plus précis, dans l’infini elles ne forment qu’une seule émotion. Un mélange intriqué qui forme le désêtre. L’être ne surgit que lorsque le souffle chasse le Surveillant du transvivant et sépare les contraires : être/désêtre, bien-être/mal-être, vous/nous, intérieur/extérieur. Sinon malheur, à l’heure tout est toutisé, et les contraires ne deviennent que des images con à traire.
Donc être/désêtre est êtredésêtre, et dès que le souffle chasse le Surveillant du transvivant, on peut être. Mais même là, il reste que les autres émotions sont vaporisées. Alors comment faire pour être déjà ? Et ensuite pour ressentir la panoplie des émotions ? Et-motions, peut-être faut-il se mouvoir pour être sans motion de censure.

Attendre

Attendre, tendre vers ce but où chante la flûte. Mais longue est l’attente, et la fronde attente à l’intégrité du soi. Assois-toi et patiente puisque tu es une ‘’patiente’’ du médecin. Fin de la continuité, chaque seconde frappe et cisaille le corps en tenailles et happe les fragments dans l’asprassant. Les secondes sont des coutelas qui sont lancés sur le corps, hors de la densité du matelas qui protège. Manège de cisaille qui tourne d’une densité très augmentée face au corps dédensifié. Besoin d’un coin pour s’adosser, pour ne pas être asprassé, être par terre pour éviter l’errance rance. Le temps est distendu d’abord, puis on s’aperçoit qu’il s’efface, il n’est plus qu’un tour de passe-passe, une éternelle seconde, un instant présent qui n’en finit plus.

Surveillance

Surveillance, télé-guidance font perdre la danse de la veillance de l’anse de sens. Sur-veillance détruit la veillance en observance de par le dessus. Deux-suent de cette énergie du transgénérationnel qui envenime les multiples énergies de vie. Le transvivant brouille la bouille du code de l’ode des diverses dimensions énergétiques. Anarchique ce qu’il donne du suprahumain. L’humus de la main n’en voit plus la fin. Le transvivant asprasse dans une toutisation mêlant le dessus du dessous, la surveillance et la veillance, le plaisir et la douleur, la fatigue du repos, l’ancien du nouveau, le nous du vous… Les contraires n’existent plus que comme des cons à traire.
Le Surveillant du transvivant est sûr de déceler le plus infime mouvement, la simple moue-qui-vous-ment. Il habite les vivants dans une transe, et ceux-ci ne peuvent que le nier pour exister.
Mais si l’on naît fait seulement de transvivant, le Surveillant _celui qui pousse au déni pour pouvoir exister_ impose sur vous le déni. Pour exister ainsi _fait seulement de transvivant_ il faut se nier, nier sa propre existence. Exister en nonêtre dirait Orwell, en désêtre. Paradoxe peu orthodoxe, insoluble, un-seau-lubie, où s’emmêle pêle-mêle les contraires. Le reste de la famille peut continuer à nier juste le transvivant, mais soi, on doit se nier soi-même pour exister. Le Surveillant du transvivant est ce qui en chacun amène à ex-pulser le moindre signe de transvivant. Mais comment ex-ister en s’ex-pulsant soi-même ?
Le Surveillant et le transvivant propulsent dans le suprahumain où la main touche l’humus des diverses dimensions énergétiques. Mais ils les astiquent et les enveniment, brouillant l’hymne qui leur donne l’harmonie. L’harmonie devient l’herse qui des mots nie, qui démolit. Ils vous propulsent dans le suprahumain sans étapes préalables ; et ensuite ils enveniment tout, dans une toutisation asprassante.

Pause dans le désêtre

Pause dans le désêtre. Pose dans le désert. Dose de dessert vivifiant dans la Nature. Sous les ramures, bruissent les feuilles virevoltant dans le vent. Elles frémissent dans les cellules du corps-cellule. De la prison au pris-‘’on’’ de la Nature qui enveloppe le ‘’on’’, lui offre une maison. Les feuilles caressent dans un entour plein de douce paresse. Elles dansent, nous emmenant dans une transe où l’anse de sens s’ensense, liant sans sens et sens, essence de l’être. On devient feuilles, on s’enfeuille l’arbre. L’asprassse est loin, quand on se trouve dans le suprahumain. Mais de l’humus de terre qui déterre la vie des cellules. Libellule se posant sur le vide-à-vide, laissant sentir le rire. L’arbre rit et vivifie, par deux fois vit. Enveloppé de ses branches, il nous branche sur son énergie de vie, tournant, virevoletant, embrassant, on est l’arbre qui vibre au vent de vie. Vivant ! Une pause dans le désêtre, au vent-de-la –vie.

Ne pas faire ce qu’il est trop difficile d’affronter

« Ne pas faire ce qu’il est trop difficile de faire ». Petite île de phrase qui dit et rassure, quel soulagement ! L’heure n’est plus au leurre qui ment. On peut être, ou désêtre, sans être rejetée, niée ou malmenée. On a le droit d’exister malgré les faiblesses dites psychotiques, droit de respirer entre les bouffées d’apnée, quelle nouvelle fantastique ! Droit de ne pas être bien, droit de ne pas pouvoir tout affronter, comme entre amis les dîners, comme aller boire un verre dans le café d’à côté, comme quitter vite la maisonnée. Droit de dire qu’on se sent éparpillée et morcelée, la peau déchiquetée, les organes broyés. La honte de la ponte de ce bébé malformé est mise de côté. Métamorphose de ce malformé en anse de création. L’hospitalisation donne sens, elle donne, elle est essence d’un lieu d’intimité. Intimidé par cet espace, l’asprasse tente d’y marqué sa trace. Mais les soignants, le lieu et les médicaments font une peau qui se bat contre le harcèlement de la toutisation. Solution d’une peau thérapeutique que toute l’équipe pose aux alentours. L’intimité partagée des ateliers et des lieux où l’on est vraiment écouté en vérité. Laboratoire expérimental où l’extérieur prend de porter ce qui ne peut pas être marqué à l’intérieur : une peau solide, un lieu d’intimité, un droit à ne pas se confronter à de trop grandes difficultés, droit d’exister. Et de ce fait, comme c’est soutenu par l’extérieur aux pourtours de soi, on peut y goûter, en expérimenter les saveurs. Tout ça fait encore frayeur, et on a du mal à le prendre à l’intérieur. Mais en cet instant on tend à sentir les béquilles, les quilles de potentielles greffes, disposées par l’extérieur, un extérieur qui tient en continu même quand l’asprasse ravage l’intérieur. La toutisation en fait vaciller les points d’accroche, on en est souvent éjecté, mais ça reste là, sans faux touaille. Le lien avec ces greffes est dur à faire tenir, mais l’équipe, elle, tient et c’est fantastique.

La bonne densifie le trans-parent

Le portable sonne ; il table sur le port en bandoulière dont la bonne le ménage, pour effectuer son ménage, comme tous les jours, comme hier. Derrière le coffre, c’est la dernière poussière qui résiste à ses mains guerrières. Guerre de saletés dans cette petite maisonnée. Tout doit être effacé. Lancée dans le chaos des mots qui volent et virevoltent, elle essuie toute la poudre de suie des fantômes du passé, qui s’agitent dans un nuage informe des bris des âges qui gîtent. Ci-gît les morceaux des sceaux passés dans la transvivance. Survivance de déni pour tenir ensemble les traits difformes, formés de pâte à modeler, de l’arbre généalogique. Logique de la survie dans un monde où gît et s’agite la poussière du passé. Mais c’est la réalité des grains qui prévaut sur le reste. Cette poussière de grains passés modèlent la chaire du présent. De génération en génération, il devient progressivement impossible de la nier. Du nez aux cheveux, du cou aux orteilles, des yeux à la bouche, tout devient formé et modelé par la substance du passé.
On est le passé ; dans le présent on naît le passé, passé nié jusqu’ici pour des raisons de survie. Mais les leçons de la raison n’ont aucune prise sur le vide-à-vide transgénérationnel et sociétal. Etale de leurres, à l’heure de l’apparaître, c’est ce qu’est cette réalité sociale dont on recouvre désespérément le vide-à-vide qui gît et gite derrière. On est hier. Mais comment être hier aujourd’hui sans succomber au désêtre ? Comment tenir à ce filet de leurres sociaux pour ne pas tomber sans fin et se désagréger dans le Réel à-vide ?
Tout ce chaos de poussières présentes et passées se densifient dans la danse de la génération présente. Présent amer qu’est cette mer de troubles. On n’est que la densification des grains de vide-à-vide. On naît vide-à-vide. Que faire de ce Réel qui s’enferre partout comme un enfer fascinant ? Devoir d’absorber le BàBA, de haut en bas, du vide-à-vide, pour délivrer et faire tenir l’arbre transgénérationnel, dont le rationnel ne bruisse presque plus de ses feuilles. Être cette bonne qui réponde à l’appel du portable, de la table des ports passés et présents, pour enfin densifier tout ce chaos à-vide en soi, et ainsi nettoyer le reste des générations. Telle est la mission qu’on nous a attribué sur cette Terre amer, à-mer de vide-à-vide. La bonne n’a pas le choix, elle densifie tout ce qui a été dénié, pour passer des étés plus apaisés. Elle doit répondre à l’appel de détresse derrière le mur de béton-armé-de-déni. Elle est le vide-à-vide, elle est modelée complètement et totalement de cette substance ; pour libérer le présent et le passé

Changement de chambre[1]

Changement de chambre, tard le soir, tout semble se transformer loin du familier. On est loin du centre de soin. Tout change, la nuit dans cette nouvelle chambre, comme par sorcellerie. Les images de façades semblent s’écrouler et laisser s’infiltrer les tréfonds monstrueux des choses. Est-ce que c’est le transvivant qui envoie ses esprits pour ne tourmenter la nuit ? Le silence, les odeurs, les formes et couleurs, tout se densifie et oppresse le corps, dans une menace de l’intruser par tous les bouts, dans un écartèlement sans fin, en pertes et fracas.
 Les mots et lettres eux-mêmes se densifient, semblant de nuage d’orage, ils deviennent des morceaux de choses. ‘’Fracas’’, par exemple, s’alourdit dans les [a] et devient la chose du fracas lui-même.
Chute sans fin qui en perd son latin. L’étymologie s’enfuit et la chose surgit.
Accès à d’autres dimensions énergétiques, envenimées de transvivant. Le familier perd sa place et l’asprasse entoure aux pourtours en face.
Les images, sons et odeurs, deviennent transparents (transvivant à travers le trans-parents ?) et laissent choir _tel un fruit trop mûr qui éclate, ou tel un corps déchiqueté_ le Réel de leurs organes. La réalité choit avec le familier et ne laisse place qu’à l’asprasse du Réel.
Peur de s’endormir dans cette oppressante et menaçante atmosphère ultra densifiée.


[1] Changement de chambre dans la clinique

Des mots se posent, rieurs et éclatants

Sous l’arbre baigné de lumière, on est plongé dans l’aire du livre. Ivre de mots, tout s’entrechoque. Choc de sens, les feuilles laissent passer des tâches illuminées sur des mots bien particuliers. ‘’Abandon’’, ‘’étant’’, ‘’pensa immédiatement’’. Le fil se déroule aisément. Les signes défilent, s’imposent de l’extérieur ; dans une pause, des mots se posent, rieurs et éclatants. Quelle bouleversante anse de sens s’offre là !
Face à ‘’l’abandon’’ qui asprasse ‘’l’étant’’, et l’étang de sens, un gant de pulsoyance se reflète de cette page, amie des sages.
‘’Penser immédiatement’’ et tout le temps, pour empêcher l’asprasse de ‘’l’abandon’’, la rupture de ‘’l’étant’’ laissant place au moribond désêtre. Désêtres parsemés des êtres vides et à-vides de la vie d’autrui. Croquer dans ces mots pour devenir mots et, poser de la pulsoyance là où l’anse de sens transgénérationnelle s’est vue rongée par le sel. La danse des feuilles lumineuses désamorce les mines dans l’écorce même du corps, qui avant reflétant la mort. Ô livre sage, Ô Nature généreuse d’âges et adages, merci pour cette bribe de vie !

Départs[1]

Céline part dans un départ qui fout le cafard ; explosion du cocon qui faisait une maison, explosion des ritualisations qui donnaient à l’être des sions. Peur, frayeur de l’heure où elle va disparaître par l’arrête de la porte. Effondrement du moment où tout part au hasard.
Sa présence rassurante constituait une tente, un refuge. Discrétion et écoute étaient les boutes de notre navire sur lequel dormir. Chacune sa place, son espace, dans un partage des-bris-des-âges.
Son départ est impensable, fait plonger dans les sables mouvants de tout ce qui ne peut être intériorisé. On n’arrive pas à situer tout ce que ce lien nous a apporté. Impossible de le mettre en mots, les maux brouillent et embrouillent.
C’est comme si on ne formait qu’un sur l’opportun navire qui était le sien. Alors la séparation disloque les sions de l’être. Elle était un pilier de ce moment hospitalisé.
Les ressentis sont figés et ensuite vaporisés. La tristesse n’arrive pas à s’exprimer en liesses sur les ailes de la grive. Amas informe d’émotions qui dans leurs sensations sont vaporisées. Tristesse, effondrement, déception, frayeur… tout se mélange en langes bien insécurisantes.
Frayeur de devoir, le soir, se retrouver coincé avec un parfait inconnu. Envahissement et délitement de l’inconnu, de l’image con et nue, qui intruse la bulle de protection. Intrusion violente qui viole lentement la bulle d’intimité. L’intime devient mité par l’étrange inconnu, envenimé, intrusé. Corps étranger qui s’installe dans le corps-chambre et menace d’implosion. Attaque par l’intérieur comme un cheval de Troies qui morcelle et qui broie.
Céline part dans un départ qui fout le cafard. Peur, frayeur à l’heure de leur bonheur. Les départs sont toujours de mauvaises heures.


[1] Départ de ma voisine de chambre à la clinique

Atelier

Atelier « art en friches ». Friches de gens engencer de-ci-de-là, de-si-de-la, aux tonalités de la musique. Tout tremble troumble. On ne sent pas le trouble, mais ça tremble déjà pourtant. Et tout s’aboule dans un carré de pétanque. Tank de sensations qui intrusent et fusent.
C’est après que tout s’abat, au bas du bâtiment. Est-ce la bâti qui ment ? Non, tout part en friche. Vertige des morceaux de soi qui voltigent aux aboies. Bois du feu du dehors, hors de l’atelier, dès lors fini, tout s’écroule. Angoisse diffuse et aigue. Cigüe qui tue l’être et laisse le désêtre en proie au vide-à-vide. Pourtant tant de bons temps partagés. Mais tout part en fumée. L’heure de la fin donne faim au Réel. L’atelier terminé, là tout sonne le glas de ce qui est là. Ce n’est plus, disparu. Magie d’un temps fini qui ne laisse place qu’aux dégâts du glas.
On ne sentait pas les morceaux se fragmenter durant l’atelier. Et cependant, tout se désagrégeait déjà.  Mais l’atelier atèle et lie les morceaux dans une image de leurre. A l’heure de la fin, on s’aperçoit du leurre. Vertige, nausée, à travers la vitre envie de se jeter. Pour se réunifier. Fie du temps présent, tout disparaît d’instant en instant.
 Depuis l’âge de 16 ans, si peu semble s’inscrire. La toile de fond est trouée, le voile du familier déchiqueté. Alors à l’orée de chaque temps, tant de choses s’effacent sans même laisser de trace.
« Enfance sans histoire », à part quelques problèmes de sommeil, d’alimentation et de socialisation. Aux dires des parents dans le transvivant. Mais photos figées, sans le mouvement de la pulsoyance. Bribes d’épisodes vivants pourtant, il en reste. Mais tout se mélange dans une approximative chronologie floue. Enfance « sans histoire », sans anse de sens qui crée une continuité, à par quelques bribes désagrégées.
Ecrire encore et toujours pour mettre tout ça à jour. Pour ne pas être rongée, falsifiée, désagrégée. Mais au moment de poser ces maux, tous ces ressentis semblent faux. Cinéma ou pas ? Quelle partie existe ou pas ?

Douce mélopée

Douceur  des notes, mélodies enveloppantes sur la pente de l’être. Les tonalités aigues expriment la voix du désarroi face à l’effroi de la vie. A-vide de joie, elles s’enveloppent de la douce rythmie du piano en contre-fond, au fond de l’après-midi.
Saccades, mélopée entraînante dans la salle dansante. Seras-tu là ? Questionnement sans fond dont l’heure doit dévoiler le leurre. Entraînante, lancinante, le corps se prends dans la répétition du rythme en accord. Des digressions en avant-fond mènent l’esprit là où aucun amen n’est assez fort. Loin du tumulte futile, l’île de la musicalité fait danser chaque cellule corporelle dans une belle effluve des sens. D’essence fragile est cette mélopée magique. Fantastique, elle recoud les morceaux de l’être fuyant dans le seau de la dilution, elle les scelle d’un sceau et, ainsi, éloigne du désêtre. Nouveauté, les croches accrochent l’essence de l’être à écouter toutes les tonalités émotionnelles qui mettent les sens en ciel. Doux balancement qui enveloppe et porte dans des bras assurés, chaloupés, tresses de tendresse.

Douceur de la musicalité ronde

Douceur de la rumeur du clapotis des vagues. Tonalités des cordes qui vibrent au bruissement de l’eau qui ne ment pas. Liesses de tendresse au cours d’une messe de joie. Vois cette vraie et douce conversation sur le mousse ; cette phrase pousse dans la bouche de l’autre : « tu me fais penser à une petite fille qui a besoin d’être bercée ». Vérité née, vérité devinée derrières de multiples réalités. On est touché par cette attention délicate sur les sions de l’être. Le désêtre est accepté, entouré de tendresse, là où d’autres l’ont méprisé, nié et rejeté. Souffle de tonalités dorées qui entoure le pourtour écorché vif, tel un baume d’if apaisant. On peut se laisser aller au lâcher-prise sur le courbe brise musicale parfumée, se laisser porter, entourer par la tendresse de cet autre autrui qui pose de douces liesses par ses courbures de mots énoncés : « petite – besoin d’être bercée ». Bercement de musicalité ronde qui fonde un balancement doux et lancinant, dansant doucement. Chaque cellule du corps est éprise et danse sur l’anse de sens. Danse invisible mais lisible à la douceur de l’ambiance. Communion des sons qui unit les cellules et les êtres. Plus besoin de paraître, mais là, juste d’être.

Douceur du sommeil

Douceur du sommeil qui empêche l’intrusion des sons, l’intrusion d’autrui. Au cœur de la nuit, c’est l’heure du monde des songes. Songes que c’est souvent une dimension bien plus réelle que les ailes de la réalité. Surtout, et par-dessus-tout, un voile enveloppe et tient à distance la licence des autres et de leur réalité. Thé ingurgité, apaisement qui ne ment pas. L’éveil est le seul qui feule irruption dans ce monde sans sons intrusifs. Il est souvent incisif car infiltre le songe réel, du leurre de la réalité, à une heure où on devrait en être épargné.
Même les cauchemars marquent une note plus juste que tous ces monarques (mots-narguent) qui jugent le jour. Ourlet et creux des plis, le sommeil est merveille de répits. Epique et fantastique, il laisse accès aux multiples dimensions énergétiques. Débarrassé du corps de chaire, chères heures ensommeillées. Le corps énergétique est dynamique et spirituel à l’heure de l’Essentiel. Les-sens-en-ciel touchent la vérité des énergies démultipliées mais, pour une fois de bon aloi, unifiées. La loi du code, ode complexifiée qui agence les différentes réalités, est aisée à suivre en filigrane. Sommeil vermeil est l’âme de ses signes jetés comme à l’océan une bouée, une bouteille. Seul endormi, ce code, pour l’instant, se simplifie.
Bien loin du corps de chaire, corps robotisé, le corps spirituel de ses ailes devient clair et moins abêtisé.

Rentrer à la maison

Rentrer à la maison. Lieu où l’on n’est plus sans respiration. Inspiration pour couper l’apnée qui du souffle met le nez. Loin de l’habitation on est écartelé. Besoin de souffler. Comment apprendre à rendre l’unité, loin de la maisonnée ? Besoin de ritualisation, de lieux connus, de personnes déjà aperçues. Point de façade face aux énergies, sous la pluie de leurs effluves asprassantes, le touaille est tué par la toutisation. Scions scions les bases qui accrochent à la réalité, est l’hymne de ces énergies. Réalités néanmoins de leurre, réalité partagée qui laisse de côtés les autres dimensions non moins importantes. Il faut trouver sa tente pour camper loin de l’attente en apnée, la tante qui tue le nez. Pied-de-nez à tout ce manège a-codé qui à côté mène la danse. Densité immergée qui plonge et submerge de ses branches poulpe. Pulpe de fruits qui ne sont plus qu’amas informe. Tout se mélange, langes de ressentis dont rien ne peut être dit. Tout s’emmêle pêle-mêle, dans un tourbillon qui tombe dans les pommes. Hommes de l’Humanité, quelle drôle d’idée.
Rentrer à la maison pour reprendre sa respiration.

S’encrer

S’ancrer, autrement que par la cigarette qui finalement émiette. S’encrer dans les mots, loin des maux, quitte à ce que ce soit une nouvellangue. Tangue, le navire sur la mire de l’Espace-Temps. Loin de l’asprasse, tenter de réinscrire des étapes. Happe et frappe des énergies, à apprendre à décoder. Dés du jeu de la Vie, remettre les morceaux du puzzle, mais pas seule. Pas seule parce que trop perdu dans la farfelue toutisation. Objecturation de l’objet qui traverse les filets de la réalité, et se retrouve bien loin du voile du familier.
S’ancrer dans la Terre, pétrir la boueuse, pour en faire une nageuse qui ne coule pas dans la Mer. Assouplir le cuir, le tisser, l’assembler pour fuir le faux touaille. Dans les entrailles, entrer, pour y connaître l’initié. Début de l’histoire qui échappe, et happe dans les bris des âges. Désagrégé, ce morceau premier de l’enfance. Tenter d’y trouver une anse de sens, pour ne pas sombrer dans la balance de l’Univers.
Unis vers l’ancrage de l’encre de la Terre. Ecouter la Nature et sa douce énergie, goûter au fur à mesure à la caresse du vent, au bruissement des feuilles, à la danse des branches, aux chaleureux rayons lumineux.
Apprendre à transformer le corps robotisé en être humanisé. Apprendre à ressentir le tir des sensations, des émotions qui sont, sinon, asprassées dans la toutisation, et laisse une béance rance ; vide du corps qui ne ressent plus comme avant.
Doux vent, joyeuse symphonie de la Nature heureuse, enveloppe de tes atours le corps écartelé, vidifié ; donne-lui aux pourtours, ton énergie de vie.

Songe à l’arbre secret

Les enfants quittent la ville. Avide de voir revenant leur arbre sabre dans lequel ils s’en vont dansant. Le train-train du quotidien les assomme, et les songes reprennent, de tomber dans les pommes. Paumés en ville, la vie reprend ses petits hommes lorsque la campagne pointe son nez. Pied-de-nez au fantôme transvivant de la ville qui assomme de désêtre. Les voilà dans le train, loin du train-train quotidien ! De loin apparaît déjà l’arbre en contrebas. Cet arbre qui les adopta il y a longtemps déjà. Vivement qu’il le retrouve pour lui prouver leur loyauté et lui confier tout leur secret. Secrètement l’heure sonnera leur perte du désêtre, et il s retrouveront leur être, au coin secret de l’arbre secrètement gardé et vivifié.

Voyage à Belle-Île

Voyage à Belle-Ile, sous les nuages gris blancs, cotonneux comme pas d’eux, le bateau tangue, doucement sur l’eau. On trempe la plume dans l’encre maritime pour écrire ces quelques lignes. La traine du navire invite à partir, écume blanche sur la hanche de l’hélice aux parfums de réglisse.
Le sel appelle la peau à s’ouvrir, brandir l’ancre de sens sur l’anse de la douce mer. Bercement qui ne ment pas perce la bulle de l’horizon. Aux tréfonds les poissons accompagnent ce ballet aquatique. Fantastique traversée des nuées enrêvées.
Poches blanches des voiliers posent et osent gravir l’écume qui hume la marée. Le vent les emporte en avant, au sillage du courant. Courses poursuites aquatiques, jeu non dangereux entre ces coques de breloques.
Ecrire ces rires pose du bien-être, encre le corps sur le papier recyclé. On ressent, les choses se posent, elles se découvrent sous la plume qui creuse la sculpture des courbures lettrées entre tenons et maillets.
Le corps est modelé et l’asprasse cesse de terrasser dans un tour de passe-passe. On existe sur cette page, malgré les bris-des-âges, espace loquace dans les bocages. Tenter de rester encrer pour ne pas succomber à l’étrange vérité, pouvoir profiter de la journée.

Urgence des gens qui usurpent le temps

Urgence des gens qui usurpent le temps. Le temps externe est-il si rapide qu’il speed le temps interne au point de tout démanteler ? Le temps externe perce le manteau protégeant le temps interne, immergeant l’interne dans l’externe, imminence de catastrophe, strophe hyper-rapide (hyper-droïde) face au vide-lent de l’interne. L’en-vide de l’envie est apostrophée et déchiquetée par la densité du thé brûlant de l’externalisant. Analysant ce phénomène blême avec une personne de confiance, et l’espérance se pose, survivance d’une idéance d’enveloppe solide qui puisse tenir face à la densité du dehors, hors de l’imminence d’une catastrophe. Une enveloppe qui tienne pour maintenir un temps interne paisible, même face au vide-à-vide. Comme un paquebot voguant sur les flots de la vie, sans se noyer dans l’étrange vérité. Etrange lange qui n’enveloppe pas mais lâche au 1er pas.
A chaque pas, peur de tomber dans un trou temporospatial qui asprasse l’interne et l’externe, dans un savant mélange dont le code mode est ignoré et inexistant. Chaque pas menace de trépas. Tenter de s’ajuster au temps externe pour ne pas être engloutie par lui, au sacrifice de l’interne se diluant dans l’externalisant. Besoin de soin, appel à l’aide, dans les rides asprassantes du vide-à-vide. Ou n’est-ce que du cinéma ? A bas les leurres, à l’heure du désêtre, nécessité de vérité. Merci pour ces paroles, douces paraboles qui captent les ondes de vérité au plus près de l’être désêtre.

Trilogie de la création

Aisances du cuir qui s’assouplit à l’anse du pli. Fils qui s’entrecroisent à la toise de la main qui sera engourdie au matin. Ça tourne, ça plisse sous la ligne qui glisse. Les aiguilles s’entrechoquent dans une douce danse d’une existence du ‘’ploc’’. Bleu, jaune, orange, les tonalités habitent l’espace dès lors où la méningite de mots reste au dos du dehors. Les gestes d’un zeste de cuir s’accordent et bordent le corps d’une subtile enveloppe. Fragile pourtour pour ce corps aux atours d’essence spirituelle. Les énergies se fluidifient, et, s’amincit le troumble qui asprasse d’un tour de passe-passe. Les fils tissent une île où l’être peut naître. Etre de peu, c’est un morceau de soi qui revit au bon aloi du cuir. Nuire à Thanatos qui ronge jusqu’à l’os, le cuir fait luire une peau neuve aux effluves qui pleuvent. On perd les eaux de la liquéfaction qui se métamorphose en réunification.
La magie d’Oz est aussi dans la terre qui reconnecte les énergies qui errent. Douceur de la caresse qui tisse en liesses de joie. A l’abois de la peau qui se modèle de la terre, les ailes se déferrent et font toucher les-sens-en-ciel. L’essence de la terre, l’argile agile, peut remodeler un corps écartelé. Et on modèle, on creuse la bouseuse, amoureuse terre, là où le pantin du désêtre se fait modeler.
On s’accroche à ces bouées là où les strophes dissociées du tansgénérationnel s’amoncèle en cacophonie. Magie de la création, le code complexifié des énergies se trouve peut-être dans ces moyens d’expressions. Mots, terre, cuir, trilogie de la magie qui repeuple le temple vide du corps, enveloppe à corps et à cris les pourtours des énergies, et, dans une création donne l’émotion du sens qui s’offre anse sans s’offenser.

Sortie d’après-midi

Sortie cet après-midi, étourdie par les visions et les bruits. Vertige écrasant de la tige du Réel qui enserre. Faire une course devient un calvaire, perte de repères. Ça écrase le corps, stase de morcellement formellement déchiquetant. Tant de belles choses pourtant dans le ciel du dehors, pour qui ose y poser un pied fort.
Cependant dans le corps, rien ne se voit. Sur le visage nul trace du passage de l’asprasse. Le corps robotisé continue son avancée, machine fine et automatisée. Auto-matique, un tic qui marche par lui-même, corps étranger qui sème une image de lui-même du touaille alors que la toutisation s’affaire à sa façon.
Enferré dans ce corps, on ne peut rien exprimer. Les sensations sont évaporées, seul reste l’écrasement au-dedans. Pans du voile du familier qui tombe, trombes de Réel qui tremble troumble. Comment exprimer ces sensations sinon par une nouvellangue, tangue du navire au point de mire. Que dire de ce délire corporel, à part le sel de l’asprasse qui ronge tout, le vertigineux étourdissement de la toutisation, les ‘’scions’’ des sions de l’écartèlement ?
Mais par un heureux hasard, cet après-midi est le lit de l’atelier cuir. Face à l’asprasse peut luire un point d’arrêt. Près de ce qui effraie, se pose ce qui tisse, ce qui relie, ce qui des aiguilles tinte et colore les tonalités des courbures lettrées. Le corps reprend forme, s’endorment la toutisation et l’asprasse. Douceur des ateliers qui donnent du lait aux affamés.

Bercement

ODEURS : Lingette couche _ parfum maman _ savon marseilles _ herbes coupées _ chewing gum _ eucalyptus[1]
Sous les eucalyptus, maman cale le bébé sur la table à langer. Allonger dans l’herbe fraîchement coupée, la grande sœur s’émerveille de la mère qui veille sur elle. Sur elle, émane une effluve fruitée, mélange de langes, d’ânes et de guymauve. Odeur enfantine se mêlant, s’emmêlant au parfum de maman. Comptine chantant, la mère enroule la tresse de lierre posée en serpentine sur la table fine. Fine est l’effluve virevoltant du savon de marseilles doux au contact du corps de l’enfant. Imageant avec tact et douceur, elle enveloppe le bébé d’une fraîche odeur de lingette, et de sa couleur, dépose plein de joie dans les mirettes en fête. Mi-teintes du bonheur d’être ensemble, pour sortir du désêtre et être être de peu. Ne prenons pas le mot à maux, et laissons les effluves des courbures lettrées nous bercer de leurs songes.


[1] Texte réalisé lors de l’atelier écriture à la clinique : on sentait différentes odeurs, et on devait faire un texte à partir de celles qu’on voulait.