samedi 12 mars 2011

Pont

Être un pont entre le visible et l’invisible, entre l’extérieur et l’intérieur, pour que s’inscrivent les notes de la vie en gamme majeure. Mais il faut connaître les codes des différents mondes pour que l’onde de vie puisse naître. Comment s’enraciner dans la réalité, en respectant les scripts, les normes pour que l’angoisse s’endorme ? La réalité semble un ensemble, une longue liste de codes impensables sur la piste. « Il faut » est le maître- mot de ce lourd fardeau. On n’y comprend rien, et tout ça paraît bien loin du Réel dans lequel on vit en catimini. Ce Réel, toxique fiel, a d’autres codes, fantastiques métaphysiques. Les énergies font alibi. Elles nous assaillent de toutes parts, et ça fout le cafard. On a peur d’y être happée dans leur infini brasier. Il est nécessaire de trouver le code du Réel, pour ne pas être écrasée par leur immensité.
Être un pont entre le visible et l’invisible, entre la réalité et le Réel : trouver les codes des deux mondes pour y évoluer en toute liberté. Être un pont donnerait une consistance, une anse de sens.

Violence ou tendresse

A la bonne heure, le bonheur à portée de main ? Demain est pourtant un gouffre infini dans lequel on perd la vie. Tout est pour que ça aille bien… Alors pourquoi ce n’est pas le cas ? Est-ce du cinéma ? Une simple question de volonté ? Apparenté à ce questionnement : doit-on lutter toujours et encore pour exister, se faire violence rance ? Ou doit-on apprendre la danse de la vie à l’enfant autiste, art triste, le considérer avec tendresse en liesses ? Deux cheminement qui s’opposent et s’osent à écarteler la décision qui redonnerait consistance de l’être les sillons. Lequel est le juste ? Qu’est-ce qui donnerait consistance au buste ?
Violence ou tendresse ? Anacoluthes qui percutent.
Se perdre dans l’instant, angoissant  moment. Le mot ment, comment savoir ce qui se dit dans la mal-à-die ? Comment sortir de cette infernale spirale qui tourne, retourne, presse et oppresse ?
Ne rien faire oppresse, faire quelque chose angoisse ; paradoxe poisse. Tout est une lutte dans la hutte.
On n’en peut plus de lutter pour exister, ça ne peut plus durer. Le seul espoir dans ce noir est le changement de médicament.

Vide attente

L’attente attente à la vie d’autrui. Ça oppresse, ça presse jusqu’à la moelle sans qu’aucune parcelle de fortune ne soit épargnée. Attente perpétuelle, face à un gouffre infinie, dans la vie en sursis. Ça se densifie au dehors comme du béton fort. Envie de se jeter contre les murs pour échapper à cette expérience dure.
Quoi qu’on fasse, sensation d’attente imminente. On subit sans trouver d’accroche en apostrophe. Subir sans rire, vide omniprésent dans le temps dépassant. Sensation d’être perdue dans un monde devenu étrange, mystérieux mélange. Il faut toujours trouver le code pour répondre aux propos d’autrui, drôle d’ode. Savoir quel comportement avoir. Sensation d’être un pantin manipulé, par le Transvivant malmené.
Envie de sommeiller, de s’enfermer dans une bulle, au lieu de devoir faire le funambule. Entre le songe et le sommeil, pas besoin d’être, ça existe c’est tout. Le sommeil, première merveille, machine qui, de la vie, détoxifie tous les stimuli. Soupape de sécurité qui happe le corps dé-corps, et apaise celui qui dort. Dormir pour ne pas mourir, pour ne plus subir le vide-à-vide où, dans le vent, on n’arrive plus à être présent, vivant.

Solitude

La solitude est une conséquence rance de la maladie qui se dit. Mal-à-dire ce qui se passe avec les énergies qui délirent. Elles passent et ondoient dans la tête, quand on doit tenir une place dans le script, de l’autre le palace. Les inconscients communiquent à ciel ouvert quand le voile du familier, déchiqueté, donne sur le désert. On ressent des choses étranges, tel un infectieux mélange. Des choses indicibles qui assènent comme une Bible. Des fois le corps part en dé-corps, est c’est la sensation de partir en morceaux, d’avoir les bras qui tombent en trombe, d’avoir l’organisme qui se dilue en huluberlue fondu. Comment partager ces moments angoissés ?
Et ce n’est sans compter l’enfant autiste qui, par l’autre, a peur qu’on l’envahisse.
Solitude rude dans un monde étrange qui dérange. Peur du Transvivant qui asprasse dans un tour de passe-passe. Aucune base de sécurité, les énergies sont partout et percent des trous dans la stratosphère intérieure. Inter-rieurs sont les autres qui ignorent ce flux et reflux dans un monde sans issue.
On a été missionné pour être un pont vers les autres dimensions invisibles et sensibles. Mais on n’en peut plus d’être poursuivie par ces énergies.

Page blanche

Lâcher prise sur l’instant est si difficile ! Il faut cesser de lutter et, ainsi, on se sent éparpillée. Piller les secondes pour ne pas se faire exploser par l’onde. Onde de choc qui toque aux tréfonds de la mission. Comme pour écrire : dans la vie, terreur de la page blanche, du vide-à-vide. Tel ce sifflement dans l’oreille, l’écho se propage à l’infini, de la seconde du nid. Ça souffle, ça susurre, la terreur est sûre, sans fond. S’en vont les moments de paix, où seul l’instant comptait. Taire l’angoisse pour avoir l’air normal ? Se faire mal, nord du pôle en geôle ? Non, on a dit du lâcher prise dans la bise, de la tendresse en liesses.
Mais cet enfant autiste, art triste, on a envie de le trucider dans les nuées. Nu et terrorisent, rien ne l’apaise, dans le vent on entends ses hurlements. L’instant est un vide dans lequel il se noie, une page blanche sur laquelle il ne parvient à rien inscrire. Les notes de la vie ne sonnent plus qu’en huluberlu fondu. Comment lui donner consistance pour qu’il retrouve une anse de sens.

Le sens de la vie

Le sens de la vie est perdu, sans anse à laquelle se raccrocher. Ramasser par terre des tresses de pierres, le petit poucet sait qu’il trouvera une continuité qu’il verra. Mais l’enfant autiste est triste, il s’essaie en maquettiste pour se mouvoir sur une piste, mais tout s’écroule à mesure qu’il roule. Il se dilue dans l’instant, insistant  pourtant pour vivre, il est prêt à mourir. Attente qui hante chaque moment ; temps infini qui se suit sans qu’on ne trouve une anse de sens. Attendre, tendre vers quoi ? A part la mort rien ne se profile dans le dé-corps. On n’arriva pas à se poser sans entendre l’enfant autiste hurler, terrorisé. Absence de consistance, il doit lutter pour exister.
Comment font les gens pour être, simplement ? Comment ne sentent-ils pas le gel du Réel, toxique fiel ? Peur, terreur d’une catastrophe mortifère, aux fers d’une apocalypse. Mourir oui, mais en famille et en même temps pour ne pas vivre l’arrachement de la séparation qui de l’être tue les sillons. La famille est la source de ma vie. « Je » n’existe pas ; seul le microcosme familial est l’être optimal.
Mélange dans les langes, déserté ont les anges.

L'avenir

L’avenir appelle à partir, des nouvelles en satyres. Ça tire, ça explose quand on ose extrapoler vers les pôles à venir. Les émotions sont confuses et la ruse de l’asprasse terrasse dans un tour de passe-passe. Des yeux au milieu qui scrutent dans la hutte. Ils transpercent l’enveloppe qui éclate dans un plop. Ça grouille dans le ventre, nœud dans le creux, souffrance rance qui met à bas l’anse de sens. Les émotions se font la malle, ne laissant plus que le mal dans le ventre qui infuse les autres parties confuses. Rumination écrase de l’être les sillons. Il manque un espace de transition avec le Réel, toxique fiel. Le funambule dans sa bulle est prêt à tomber, sans pouvoir se raccrocher, dans l’infini sans fond.
L’avenir terrorise à sa guise : habiter seule, linceul à venir, avoir un travail, hache qui cisaille. Par moments, vouloir en finir pour que cesse ce martyre. Devoir tenir une place est impensable, et s’écroule le château de sable. Indicibles ces angoisses, poisses mélasses, elles laissent dans une solitude impartageable, rude. Comment penser un avenir quand se tait le désir ? Comment tenir face à ce gouffre sans s’enfuir ?

Créativité pour lier

Ecrire est le seul moyen de dire l’indicible. Les courbures lettrées sont amenées et portées dans des rythmes qui défont la réalité pour exprimer le Réel, toxique fiel. Le gardien des lettres a été massacré, bien qu’il fut protégé par la réalité. C’est ainsi le sceau de la réalité qui explose dans un saut. Insoluble question que celle de garder saufs de l’être les sillons.
Le voile du familier est déchiqueté, et l’espace Imaginaire de transition avec le monde est lacéré. Le nœud Réel-Symbolique-Imaginaire est démailloté par terre. Tout s’embrouille, insondable gribouille. Il faudrait trouver une autre façon de les reliés, dans une once de créativité. Ça redonnerait une consistance pour se raccrocher à une anse de sens.
L’écriture fait une suture sans rature, mais elle ne tient qu’un instant, celui de l’écrivant. Après, tout lache, et le Réel en parcelles retombe, coup de hache.
Comment laisser raisonner un moment de tranquillité ? Le Transvivant est à l’affut de tous les vents. L’enfant autiste n’en peut plus de tenir, dans le vide-à-vide, mourir. Est-ce que les médicaments vont l’apaiser dans ce Réel malmené ? Doit-il croire que quelque chose est encore possible dans cette foire ?

Ballade

Ballade dans la campagne comme une boutade à la maladie. Marcher sans se morceler dans l’univers en jachère. Pourtant les angoisses affleurent dans un jeu de leurres. A l’heure, des images de catastrophes apostrophent la pensée. Le moindre souffle de vent, devant, le moindre crissement fait apparaître la fin du monde, mystérieuse fronde. Ça gronde, ça crisse, le corps part en dé-corps ; les stimuli d’ici mettent le corps en charpies. Les vautours semblent roder du haut de leur tour, derrière les veaux d’images bon enfant sage. La mort rode au détour dans ses terrifiants atours. L’esseulement ne ment pas au milieu de la campagne diaphane ; la menace de dilution gronde aux tréfonds menaçant d’engloutir de l’être les sillons. Alors il faut marcher et lutter pour ne pas sombrer dans ce hors réalité. Un pas, puis l’autre, et on arrive à tenir les angoisses suffisamment à distance pour rentrer à la clinique et récupérer l’anse de sens. A quelques furtifs, fugitifs moments, la ballade devient stable, et on retrouve consistance dans une joie non rance, comme quelques pas de danse.

Le roi de n'importe où

Il était une fois un roi de bon aloi qui se croyait une oie de peu de foie. Il était triste sur la piste de la vie. Mais pas loin d’ici habitait une princesse qui vivait la vie en liesses. Est-ce ce joli chant que le roi entendait en dandinant ? Dandilonante démarche dans l’antre du creux chemin, le roi de bon aloi continuait à se prendre pour une oie. Il caquetait sur les baies du rivages, son visage crispé par la tristesse de n’être qu’une oie qui ne voit pas. Il allait et venait n’importe où, dans un no man’s land, dans des limbes sans timbre. Depuis que la vieille sorcière lui avait fait dire qu’il n’était qu’une oie et non un roi de bon aloi, il s’en allait tristement, aveugle aux petits riens du quotidien.
 Mais à ce jour, il se laissait entraîner par une douce mélopée qui venait de la forêt. Pour la première fois le roi se laissait envelopper dans les portées musicales de l’air matinal. Il se laissait guider par cet étrange musique qui tenait au loin les tiques suceuses de vie-à-vide. Près de l’étang (où il passait ses après-midi à barboter), il eu vent de cette princesse aux longues tresses. Il s’approcha, dandina tant qu’il put, et, hurluberlue fondu, il atteignit la source de cette douce mélopée.
Soudain, la princesse, fée de son état, allongea ses bras et mis en bas un coup de baguette magique fantastique. L’étang se transforma en miroir au lueurs du soir, et le roi de bon aloi vit son image reflétée dans l’eau sage. Au creux de la chanson, il vit son blason, et reconnu que la sorcière l’avait bien eu : il n’était point une oie, mais un roi de bon aloi. Il put enfin se lier aux autres sans que ceux-ci ne se moquent de lui. Il put enfin se laisser porter par la vie.
Il devint roi de n’importe où, partout où caquetaient quelques oies qui lui rappelaient que peu importe qui on est, on naît toujours dans la vie pour se lier à autrui, et dans le quotidien, se laisser éveiller par les petits riens.