dimanche 15 juillet 2012

La perte de l'évidence naturelle


La perte de l’évidence naturelle, le corps se dédensifie, dansent six filles, le voile du familier se trouve pulvérisé. Ce qui paraissait évident se voit évidé. Les scripts sociaux deviennent étranges, signes d’un sens qui les dépasse au fond de la crevasse. L’image qu’ils renvoient reste toujours la même, mais la quintessence (cette essence qui se cache derrière l’image) s’en trouve altérée. Altier, le mouvement du monde devient insaisissable. Sable égrené sans fin, la plage à l’infini, chaque mouvement devient vain, vin sournois, n’être qu’un passage où les rayons cosmiques envahissent à l’heure fatidique. Chaque mouvement devient plat, dédensifié, proie de l’asprasse qui terrasse ; chaque mouvement devient automatique, comme orchestré de l’extérieur, à la bonne heure. Les mots sont soudain atteints d’étrangeté : ils apparaissent dans la pensée bizarrement, ils ne revêtent plus le sentiment de familier, ils perdent leur chaleur. La réalité familière cède et laisse place à l’asprasse, au Réel, toxique fiel. Tout revêt alors une qualité étrange, on ne se sent plus du tout à l’aise, le goût perdu de la fraise. La seule manière d’échapper à ce terrifiant malaise, c’est de structurer le temps, de le maitriser dans des moments ritualisés.

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