samedi 12 mars 2011

Le roi de n'importe où

Il était une fois un roi de bon aloi qui se croyait une oie de peu de foie. Il était triste sur la piste de la vie. Mais pas loin d’ici habitait une princesse qui vivait la vie en liesses. Est-ce ce joli chant que le roi entendait en dandinant ? Dandilonante démarche dans l’antre du creux chemin, le roi de bon aloi continuait à se prendre pour une oie. Il caquetait sur les baies du rivages, son visage crispé par la tristesse de n’être qu’une oie qui ne voit pas. Il allait et venait n’importe où, dans un no man’s land, dans des limbes sans timbre. Depuis que la vieille sorcière lui avait fait dire qu’il n’était qu’une oie et non un roi de bon aloi, il s’en allait tristement, aveugle aux petits riens du quotidien.
 Mais à ce jour, il se laissait entraîner par une douce mélopée qui venait de la forêt. Pour la première fois le roi se laissait envelopper dans les portées musicales de l’air matinal. Il se laissait guider par cet étrange musique qui tenait au loin les tiques suceuses de vie-à-vide. Près de l’étang (où il passait ses après-midi à barboter), il eu vent de cette princesse aux longues tresses. Il s’approcha, dandina tant qu’il put, et, hurluberlue fondu, il atteignit la source de cette douce mélopée.
Soudain, la princesse, fée de son état, allongea ses bras et mis en bas un coup de baguette magique fantastique. L’étang se transforma en miroir au lueurs du soir, et le roi de bon aloi vit son image reflétée dans l’eau sage. Au creux de la chanson, il vit son blason, et reconnu que la sorcière l’avait bien eu : il n’était point une oie, mais un roi de bon aloi. Il put enfin se lier aux autres sans que ceux-ci ne se moquent de lui. Il put enfin se laisser porter par la vie.
Il devint roi de n’importe où, partout où caquetaient quelques oies qui lui rappelaient que peu importe qui on est, on naît toujours dans la vie pour se lier à autrui, et dans le quotidien, se laisser éveiller par les petits riens.  

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