jeudi 22 septembre 2011

Ecrire le mouvement

Ecrire pour lancer au lent mouvement des mots traduisant les maux, tracer les courbures lettrées au gré du vent, le paysage intérieur se fait rieur au devant. Jaillissement qui ne ment pas, la psychose s’ose dans le terrain des mots où rien ne peut échapper aux choses reniées. Déniées et malencontreusement effacées, les choses perdent de leur quintessence. Les pistes se brouillent, ce qui apparaissait vrai dans la réalité partageable devient absent du Réel, toxique fiel. Les repères s’effacent et la seule trace qui tienne est sienne, celle qui fuselle sur le corps en dé-corps, menace.

Retrouver le mouvement, le frémissement des mots qui vient du dehors et s’offre à l’esprit dans un souffle maux-dits. Lâcher la hache de la mort, tord ainsi fait au festoiement des tourments où tournent les tours du mensonge dans les songes. Laisser jaillir les éclats de rire pour partir vers d’autres dimensions qui tracent de l’être les sillons. Ne pas avoir à construire de récit dans la nuit, laisser libre cours au court message, aux mages des âges sombres d’une messe qui se décline en liesses. L’homme descend du songe. Longe le bord de la béance, et lance des mots au-dessus du créneau pour que tout ne soit pas englouti sous l’eau. Le vide à-vide aux tréfonds sans fond, se laisse approcher par les courbures lettrées. Celles-ci ne sont pas les mots agencés dans une réalité ; elles sont anacoluthes qui percutent ; danse en transe, apparition du Réel, toxique fiel. Elles se décalent de la réalité partagée où la part âgée se fond dans un espace-temps aux contretemps musicaux. L’âge n’a alors plus aucune espèce d’influence, fluettement rance. L’espace et le temps sont gobés et néantisés par le Transvivant. L’asprasse terrasse dans un tour de passe-passe. Les courbures lettrées transcendent les cendres de la petite réalité partagée pour laisser place au Réel, toxique fiel.

Ainsi, les courbures lettrées redimensionnent l’univers, immense cratère.  Elles donnent un contenant aux angoisses, une bordure à la béance rance aux tréfonds sans fonds. Dès le matin s’atteler à la tâche pour éviter de se faire happer. Pérenniser le monde en y posant des courbures lettrées. Eviter ainsi qu’il s’envole, d’un coup de parabole. Ras-le-bol de ses angoisses, poisse. Besoin de souffler, ne pas de tout temps être happée, aspirée par le Réel, toxique fiel. Pourriture de ce qu’on est, on est moins que rien dans le bain de la vie. On est écorché vif, en survie, pétrie par les angoisses, poisse mélasse.

Ecrire, tracer sur le papier ces courbures lettrées permet de voler quelques instants de vie patents. Pas tant de faire figure de style que de se laisser guider par la Voix qui avoua la voie à suivre, ivre. Se laisser porter par les courbures lettrées, laisser la main guidée par elles sur le clavier. La Voix du dehors n’a jamais tort, lui faire confiance pour que se fiancent les courbures lettrées, enfantement d’une existence.

Le Réel, toxique fiel, cisaille le corps, à la limite de la mort, de la décrépitude, attitude. Titubent les pas sur le chemin du vieillir, la séparation absolue pointe, appointée, fait fie de la vie qui reste sur le zeste. S’accrocher désespérément aux illusions de la névrose face au vide-à-vide de la psychose. Psychiquement aller de mal en pis, puis ne plus résister aux impulsions de mort qui se font décors. Dé-corps, terreur de vivre, mourir d’un manque de savoir vivre, ivre d’angoisses, poisse mélasse. Terrifiante séparation qui détruit de l’être les sillons. Ne plus pouvoir être avec les siens, lugubre rature, la mort happe toujours plus jour après jour, la hache de la séparation absolue se rapproche toujours et encore. Impossible de se défaire de cette vérité. Terreur sans erreur, à chaque seconde, de perdre les liens, seuls sens à la vie.

Les courbures lettrées créent un espace où la vie peut éclore, protégée de la séparation absolue. Mouvement qui ne ment pas. Ecrire pour réussir à vivre.

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