jeudi 26 mai 2011

moments vides

Les moments vides, apatrides, laissent l’à-vide happer et diluer le corps en dé-corps. Une tension se crée et s’écroulent, de l’être, les sillons. La continuité du sentiment d’existence est rompue et tout tourne dans la tête explosant les mirettes. Tout devient urgent sans qu’aucune accroche ne puisse tisser de strophe. Tout devient crispation dans un clivage en multiples visages. Attendre que le temps passe c’est devoir s’accrocher dans un vide-à-vide sans fond aux tréfonds. On tombe dans des anacoluthes qui percutent ; pas d’autre mot que l’asprasse pour désigner ce qui se passe. Le sifflement dans l’oreille s’emballe sans nul autre pareil. Ça happe sous une chape de plomb, le temps implose en une éternelle seconde, onde de choc le dehors se fond au-dedans, dedans qui dans une danse funèbre s’écroule dans la houle du dehors. L’atmosphère se raréfie en air dans un mouvement délétère. Ça se densifie autour comme des vautours guettant leur proie aux abois. Envie de se jeter contre les murs pour retrouver un peu d’existence. La toutisation ne laisse pas de répit dans le tipis.
Ça tremble, ça trouble, le trouble tremble. Jusqu’où peut-on tenir dans ces instants sans avenir ?
Hilarité masquée des Autres qui ne voient pas comme ces moments mettent en charpies. Pire encore que leur rire lugubre et secret, sécrète le corps une hémorragie des énergies de vie. Ci-gît le tout au tout, le vide-à-vide reprend le dessus, déçu de ne pas pouvoir happer et laper encore et toujours plus de molécules de vie, brûle.
La petite est comme un enfant autiste, art-triste d’un autre monde. Elle a besoin de l’Autre pour exister, et pourtant il faut apprendre à vivre défusionné… Comment passer en funambule, sans aucun appui, sans aucune bulle sécurisante, au-dessus de ces moments qui hantent ? Antre démoniaque du Réel, toxique fiel, ces moments à-vides plongent dans une discontinuité du sentiment d’exister. Vertige indescriptible d’un instant qui se fait omnipotent, omniscient, dans une dangereuse danse macabre dont peut tuer le sabre. Lâchage, lynchage d’un Autre qui mélange et soudoie des-bris-les-âges. Laisse sage, le faux-moi qui donne le change dans ce mélange ; le fou-moi est le vrai duquel rien n’apparaît. La véritable parole est enterrée dans les nuées ardentes de l’enfer. L’enfermement de l’enfant autiste, pour cacher l’art-triste qui ferait tant de mal à l’Autre sur la piste.
Le corps, ouverte-tige, est déchiqueté par un monde inanimé. Les images se figent, et explose le vertige.
Une ouverture de vie s’est faite à la clinique, grâce à toute la clique. De fait une énergie de vie pousse en avant, et tient, fil fragile, dans les ténèbres sans fond aux tréfonds. A l’inverse d’avant, elle donne une sorte de fuite en avant. Mais les moments de vides la foudroient ; jusqu’à quand elle tiendra ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire