samedi 11 juin 2011

peur de la page blanche

Il est si difficile d’écrire par moments. Sensation de blanc, de brèche à-vide de laquelle plus rien ne peut sortir du martyre. Ça bloque dans le corps et dans la tête, plus aucune lettre ne vient tapisser l’être. Grande démoralisation de ne pouvoir tisser les sillons des courbures lettrées. Sentiment de ne plus rien sentir, sans tir auquel se raccrocher, le senti ment. Plus rien n’éclot dans ce désert qui sert de plus en plus, scalpant la peau progressivement écorchée vive. Besoin vivace de laisser une trace de l’expérience psychotique ; besoin de sortir à l’extérieur ce qui fait terreur, de tisser un voile de familier puisque le notre a été déchiqueté.
Mais rien ne vient, et la tension augmente dans le monde intérieur avec terreur. Erreur de script, les mots deviennent des cryptes où s’enferrent ce qui désespère. Le soi s’oblitère dans les cris lugubres de ces caveaux enfouis. Hégémonie des maux sur les mots. Ça oppresse, envie de se jeter à travers la fenêtre pour calmer cet inharmonie des courbures lettrées. Des mots se présentent à la conscience dans un désordre absolu, jetant leur dévolu sur des idées anachroniques, dans un chaos anaclitique. L’intuition a perdu de l’être les sillons. Se torturer à trouver des mots, des temporalités, des musicalités qui calment l’assaut furieux des images vides d’être trop pleines, montant à la tête, au corps, tel un tsunami, en inharmonie.
La danse des mots s’octroie alors par la force. Il s’agit de sortir vivant du vide-à-vide en créant une barque de mots pouvant voguer sur les maux. Border le vide pour retisser une présence au monde, loin de l’immonde, du mortifère qui oblitère le soi aux abois. Surfer sur la vague des mots permet de se sentir exister en entier. Les courbures lettrées dégage un espace où laisser une trace ; un temps pour exister, quelque chose qu’on ose, qui nous appartient en bien propre.
Âpreté de l’étrangeté qui enserre dans les airs. Folie meurtrière qui asprasse dans un tour de passe-passe. Assassiner les mots, en faire des courbures lettrées, pour enfin exprimer ce qui rend fou à lier.  

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