jeudi 16 juin 2011

Première séance d'équithérapie

La jument ne ment pas dans le mandala géant de l’espace contenant. Trouver le bon rythme, la bonne musicalité pour que tout reste lié. Lier les tresses d’émotions qui, des liesses, se font. Le lien se pose doucement avec la jument. Douceur à l’intérieur qui fait taire les rieurs se fichant de ce qu’on est, de ce qu’on naît. On s’appuie sur elle, le dos calé au creux de son pli, au creux de son être, ça chauffe le dos, et, dans un soubresaut, on se sent exister dans une unité. Sentiment de sécurité au creux duveté, le corps s’abandonne à celle qui donne, sans éclater dans le dé-corps. Ajustement des corps, elle soutient le corps, elle se cale pour nous porter sur un filament léger. Quelle joie de sentir les sens qui communiquent dans un lien fantastique ! Le dos calé, en sécurité, une enveloppe se crée.
Malgré tout, reste des craintes. Guetter les signes de son humeur pour éviter la terreur d’être lâcher, fondamentale insécurité. Comme avec les autres humains, être à l’affut du moindre souffle, du moindre geste, du moindre changement d’énergie dans l’atmosphère, pour ne pas que s’écroule notre sphère. Terreur que tout s’écroule dans une houle assassine, terreur que la rupture de lien se dessine.
Mais son regard nous porte sans que le lien n’avorte. Elle donne des signes de bien-être ! Quelle surprise de pouvoir être la source du bien-être quand on se sent moins que rien dans le lien ! Besoin de tendresse pour que se tresse un sentiment continu d’exister. Les mains se baladent sur son corps doux et sensible, le modèlent, sculpture vivante qui redonne pulsoyance, anse de sens, à notre propre corps. La douce fermeté de sa chaire est rassurante. L’enveloppe se recrée dans un sentiment d’unité.
Mouvement dans le vent, on se balade dans le manège, et le lien se décline en arpèges.  On se suit et se poursuit dans une mélodie ; l’embrouillamini intérieur se démêle parce que le lien est simple et sans double message dans le bris-des-âges. Cohérence du lien, on en a bien besoin.
Les émotions reviennent dans un brouhaha qu’il est difficile de comprendre sans se méprendre. L’habitude est tellement loin de se sentir en lien, de se sentir présente, de ressentir tout simplement. Ordinairement, un vide-à-vide happe, et s’échappe toute émotion, l’être en perd les sillons.
Trouver une place pour la demande, se sentir suffisamment en sécurité, suffisamment entier pour être en capacité de la formuler. Se sentir en droit de formuler une demande n’est pas une mince affaire quand le soi s’oblitère. On se sent illégitime de proférer une demande. Peur que ça agace l’autre, que ça le mette en colère et qu’on tombe plus bas que terre. Mais la jument ne juge pas dans le lien ici-bas. Et ça rassure, douce ramure.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire