samedi 6 août 2011

Il était une fois - Chapitre 4

Dans leurs discussions, Petit Dom, Hermione et Harry avaient émis l’idée qu’il faudrait voyager pour détruire  Transvivant afin qu’Il cessa de leur nuire. Le placard à chaussure offrait une certaine sécurité, mais pas la moitié de chance de le supprimer d’une lance. Le placard à chaussure était un tant soi peu protégé grâce aux boucles de pensées chaleureuses dispensées par les dictaphones. Il s’agissait  de disposer des dictaphones tout autour de la pièce _plus la pièce est petite plus c’est facile, et nous pouvons dire, qu’avec le placard à chaussures c’était très facile !_, de vérifier les piles (à ne surtout pas oublier…), et de les mettre sur mode lecture. Des cassettes préalablement préparées ont été introduites dans les appareils. Il s’agit d’ultrasons émettant en permanence des pensées sources de chaleur. Ainsi, si Asprasse ou Transvivant approchaient, ils pouvaient être pris dans les boucles, laissant le temps aux trois amis de trouver une solution pour ne pas perdre de l’être les sillons.

Ainsi, les dictaphones devraient être du voyage. Voilage des bris-des-âge, ils seraient leur premier outil de diversion, celui qui dit et rappelle la version vers les sillons de l’être. Être hêtre de peu, voilà une bien difficile tâche. Petit Dom s’endormit près de ses amis dans le placard à chaussures. Ils avaient veillé tard pour mettre en place un plan contre Transvivant ; le premier endroit où ils seraient menés était un lac d’une profondeur infinie, plein de créatures plus terrifiantes les unes que les autres, refuge sans fond des serviteurs de Transvivant. En droit, ils seraient à l’envers du jour, se faisant troubadour dans les pourtours du temps alléchant ; allez les méchants, tenez-vous au devant, tourne le vent.

Hermione avait mis dans son sac (à extension indétectable) toutes sortes de choses dont ils pourraient avoir besoin : des cartes et parchemins, des piles de rechange pour les dictaphones, des plumes de chouettes et des queues de rat pour les potentielles potions à préparer, des boissons roboratives, de la poudre de quintessence vitale qui ramène des pensées chaleureuses quand tout se glace autour de soi, la cape d’invisibilité de Petit Dom, des livres, beaucoup de livres, le grimoire, et nous arrêterons la liste ici pour ne pas prendre la place de toute l’histoire.

Personne n’était au courant du coup qui rend le voyage moins terrorisant. A vrai dire, à dire vrai, personne ne savait qu’ils entreprenaient un voyage dans le bris-des-âges pour sauver le transgénérationnel, pour retrouver et recoller des parcelles de vie, pour réchauffer les âmes happées par le froid glacial et meurtrier de Transvivant. De toute façon personne n’aurait cru en leurs histoires, à Leur Histoire ; chacun en trouvait à dire, quel délire !, sans savoir que dé-lire c’est remonter l’histoire afin de lire à l’envers et y retrouver un sens pour s’accrocher malgré tout à un brin de vie, à un trans-lien humain. Lorsque Transvivant dé-lie, il s’agit de dé-lirer pour ne pas suffoquer, pour organiser les pensées en un sens qui tienne, sienne.

Petit Dom se réveilla au petit matin, clarté de la cécité assombrie brille de milles éclats orangés, l’astre solaire faisant la paire avec l’astre lunaire, cohabitation éphémère à nos yeux trop peu exercés à croire en l’invisible, sur la bible de la vie assainie. Il réveilla ses compagnons. Chacun but un peu de boisson roborative pour se réveiller sur le bon pied, et à cloche-pied s’en allèrent trouver une humeur plus sereine.

Petit Dom, Harry et Hermione ne donnèrent la main, et dans un éclair blanc transplanèrent au petit matin. En arrivant près du lac, l’air se fit glacial. Ils commencèrent par lancer tous les sortilèges de protection qu’il connaissaient autour d’eux, et ils firent en hâte la boucle de protection des dictaphones. Ils allumèrent ensuite un feu au milieu de la tente ininflammable et se lovèrent les uns contre les autres pour ne pas perdre la chaleur de leur corps. Le paysage était désertique. Des monceaux  de ferraille trainaient ici et là. Des os humains encore baignés de leur chaire sanglante jonchaient le sol. Un souffle glacé abrasait les monticules de cuticules arrachés un à un à leurs compatriotes humains. Au centre de ce paysage apocalyptique trônait le lac sans fond aux tréfonds.

Un brouillard se manifestait et s’enroulait autour de toute chose, comme pour les asphyxier. Hermione, dans la pénombre, se saisit de la torche incandescente et éclaira tout autour d’elle. Des fresques se dessinaient dans le brouillard. Nébuleux dessins, dans la vasque, ils ordonnaient de montrer son firman. Ô loin le firmament qui berçait les enfants, les voilà pris dans les grigris de l’enfer pour en faire un masque de fer. Les échos de leurs voix s’émiettaient. Le laissez-passer à montrer pour pouvoir décoder les fresques endiablées, était ce masque de fer. Mais comment Petit Dom, Hermione et Harry allaient-ils pouvoir le trouver ?

Ils comprirent rapidement qu’ils allaient devoir fabriquer le firman. Ils saisirent vivement dans le plus profond de leur chaire qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de fabriquer de leurs regards le masque de fer. Ils devaient se plonger dans le regard, miroir, de l’autre pour en extraire le point où toute différence est abolie dans un cercle infini, pâte informe. Ils se regardèrent, dans un regard qui se perd, qui se perd dans l’autre, l’Autre indifférenciable. Ils se sentirent se diluer dans un cri infini, les choses se mirent à tourner de plus en plus vite autour d’eux, insoutenable vision des corps qui s’écartèlent, sang s’épanchant dans de terrifiants tourments, Hadès guettant l’inceste des esprits pour que tout soit anéanti. Ce qu’ils virent leur imposa le martyre ; ils avaient fabriqué le masque de fer qui leur servait de laissez-passer pour pouvoir, les fresques, décodées. Des légions de dragons, tels Asprasse, gelaient chaque chose, chaque parcelle d’être humain, des guerres effroyables éclataient dans toutes les contrées du monde, des viols se perpétuaient, des bombes nucléaires explosaient anéantissant toute vie, des morceaux de corps volaient, des enfants étaient arrachés à leurs mères encore enceintes, des monstres marins faisaient jaillir leurs tentacules qui s’accrochaient aux jambes des navigants pour les entraîner dans les tréfonds sans fonds, des monstres terriens écrasaient la moindre cellule du corps dans le dé-corps… Des atrocités qui anéantissaient l’humanité.

Le plus grave de ces monstruosités résidait dans le fait qu’elles anéantissaient tout espoir, tout lien humain, toute accroche à la vie. C’était le monde que cherchait Transvivant. Un monde sans pensées, sans émotions, un monde vide, où il pourrait régner en maître. Il fallut des sommes considérables d’énergie à Petit Dom, Hermione et Harry pour se sortir de ce pétrin infini. Pour revenir au creux chaleureux de la tente, ils durent s’emparer du couteau, et dans un geste qui cisaille, sur le corps se faire des entailles. Profondes zébrures qui les ramenaient dans leur corps. Profondes zébrures qui faisaient couler le sang, versé pour affaiblir les justes.

C’est Hermione que revint au monde la première, au monde de la tente disons, parce qu’il lui était alors impossible de savoir quel monde était le vrai. Le monde de Transvivant, celui qu’ils avaient vu dans les fresques nébuleuses, lui paraissait, leur paraissait à tous trois, plus réel que n’importe quelle autre chose. Et non pas seulement parce qu’ils venaient de le voir, mais parce que Transvivant ôtait tout espoir en la vie, faisait régner le mortifère, et faisait percevoir le monde en tant que pure image éphémère et dérisoire. Ainsi, l’espoir perdu, il ne restait plus qu’à choir dans les limbes tristes et austères.

Petit Dom et Harry suivirent Hermione presque instantanément. Il se retrouvèrent tous trois dans la tente, et discutèrent jusqu’à une heure tardive pour renouer avec une ambiance chaleureuse. Peu à peu leurs corps se réchauffèrent, leurs plaies arrêtèrent de suinter, et il burent une boisson roborative pour se redonner de l’espoir. Leur amitié était le meilleur remède contre le monde de Transvivant. Leurs corps se rencontrèrent, et ils se prirent tous dans les bras les uns des autres, et dans une intensité amicale, ils retrouvèrent les sillons de l’être.

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