dimanche 31 juillet 2011

Il était une fois - Chapitre 3

Hermione était, comme à son habitude, plongée dans les livres de la bibliothèque, pour trouver des renseignements sur Asprasse et Transvivant. Mais ça lui prenait beaucoup d’énergie, car pour tout rend-saigne-ment, le sang coulait abondamment. Chaque bond des mots agitait en lui un mensonge qu’il fallait transpercer et, de son sang, laver. Hermione y mettait beaucoup de peine. Elle décodait, autant qu’elle le pouvait, les différentes théories sur les malaises (mal-aise) de la magie, pour comprendre plus à son aise pourquoi Transvivant sévissait dans les rangs. Des générations avaient été hantées, et en avaient perdu de l’être les sillons. Mais personne avant Petit Dom n’avait reconnu cet étrange hurluberlu fondu, n’avait accepté cette idée de se penser hanté.

Un grand mage noir sévit dans la communauté des générations depuis quelques années. Son influence augmente telle une religieuse mante ; ses adeptes se multiplient ; ils sont d’autant plus terrifiants qu’ils n’ont pas changer d’allure, et qu’on peut les confondre avec d’honnêtes gens. Pour celui qui n’est pas averti, il est très dangereux de se promener la nuit. Transvivant lance alors son dragon Asprasse sur ses descendants dans le transgénérationnel et happe de la vie toute étincelle. Les personnes deviennent vides de l’intérieur, sans souvenir du moindre martyre , sans souvenir du moindre membre de la famille, ils deviennent amnésiques de la vie, de tout lien qui fait qu’on se sent bien. Transvivant se terre dans la forêt depuis qu’il n’a plus qu’une demi-vie. En effet, il s’en est pris, sans autre sursis, au dernier membre né de la famille,  Petit Dom, comme il se nomme, et dans un éclair s’est vu explosé dans les airs. L’amitié entre Harry et Petit Dom avait permis à ce-dernier de se trouver épargné. Depuis sa naissance Petit Dom était ainsi lié d’amitié, et ça l’a protégé, on ne peut le nier. Depuis Transvivant n’a plus qu’une demi-vie, le sortilège de happage a ricoché et s’est vu sur lui retourné.

Voilà ce qu’Hermione avait pu lire dans l’ « Histoire de la magie noire ». C’était un livre de la réserve, et il fallait savoir le lire pour ne pas se retrouver happé dans ses pages hantée par les ancestraux sortilèges qui tournaient comme un manège. Il fallait le lire en récitant un poème pour que l’esprit reste bohème ; sans cette liberté de pensée, on se faisait à tout jamais happé dans les tréfonds sans fond. Il fallait les courbures lettrées du poétisé pour ne pas se faire avoir et à tout jamais choir. En effet, Hermione le savait, les mots étaient traitres et il fallait, sans aucun regret, les transformer en courbures lettrées, poétisées. Ainsi on pouvait exister dans une autre réalité. Une réalité où la parole de ce qu’on est naît d’un désir fragile ; île sur laquelle se meuvent des courbures lettrées. Ces dernières étaient de mutation des mots qui ouvrait sur une réalité parallèle, là où le soi prend des ailes.

Harry et Petit Dom prenaient un bon bol de chocolat dans le placard à chaussures ; les tasses fumaient, le sucre glougloutait, les cuillères tintinnabulaient ; de volutes de fumées en volutes d’amitié, ils passaient un bon moment à plaisanter. Mais plus ils plaisantaient, plus Transvivant se rapprochait. Rappelons que les pensée émotives, surtout quand elles n’ont pas muté en courbures lettrées, attirent irrésistiblement Transvivant dans un coup de vent. Il vient et happe, explose ces pensées pour vider la personne de sa substance humaine.

Soudain une gelée s’en prit aux volutes chocolatées, le blanc cassa les multitudes colorées, le goût sucré s’en est allé, étalé, liquifié dans une froidure qui vous clouait au sol, jusqu’aux os frigorifiés, jusqu’au zoo en plomb du placard à chaussure qui hurlait à la mort. Transvivant approchait de son sombre trait. Il happait toute pensée émotive, toute once d’humanité, tout espace de vie, et tout devenait glacial. Petit Dom s’écroula au sol : la tension de cette proximité était insoutenable. Carte sur table, voilà la vision qu’eût Petit Dom dans cet étrange dôme : de grand icebergs trônaient en cercle, avec dans le centre, de l’eau bleutée, glacée, dans un infini sans fond ; Petit Dom ne faisait que tomber dans ce liquide gelé, de plus en plus profond, de moins en moins d’air, l’eau comprimant les poumons, il se faisait happé de plus en plus dans cette béance rance, son esprit de plus en plus figé par l’eau gelée, impossible de recontacter un souvenir d’amitié. Petit Dom se disloquait dans cet abîme bleuté.

C’est alors que la voix d’Harry et d’Hermione lui revint dans un murmure sans rature. Il s’accrocha tant qu’il pu à ce fragment de vie. Quand il aperçu Transvivant dans les limbes d’antan il hurla de toutes les forces qui lui restaient, projetant sa baguette magique dans un geste leste, « AMIDEUS ! », et le spectre partit dans un râle gutturale.

Petit Dom resta allongé le temps de reprendre ses esprits, et ses amis l’entouraient de leurs bras, de leur regard apaisant, de leur présence pleine d’anses de sens. Hermione disait déjà à Petit Dom :

-          Il ne faut pas que tu laisses Transvivant pénétrer dans ton esprit. Il cherche à te réduire à néant comme tous ces pauvres gens de ta tribu transgénérationnelle… Luttes pour ne pas le laisser t’approcher. Accroches toi à nos symboles d’amitié. Harry et moi sommes dans ta tête, ensemble nous le réduirons en miettes !

-          Mais laisses-le souffler un peu ! s’enquit Harry. Tu ne vois pas qu’il vient de traverser un terrible danger !

-          Ne t’inquiètes pas, je vais bien, murmura Petit Dom, Hermione a raison, il faut que j’arrive à fermer mon esprit aux forces du mal. Mais je me sens tellement vide, tellement perméable et fragile quand Transvivant approche, qu’Il fait presque ce qu’il veut de moi. Heureusement, pour l’instant il n’a qu’une demi-vie, il ne peut pas m’anéantir. Et puis vous êtes là et notre amitié nous protège. Elle est garante de l’énergie de vie, mes chers amis.

Tous trois se rapprochèrent se mirent en cercle dans le petit abris à chaussures, et se servirent une nouvelle fois du bon chocolat. Il avait un goût sucré et vanillé. Les tasses tintinnabulaient joyeusement, l’heure tournait, ou plutôt elle filait, éprise des intenses discussions qui remettaient d’aplomb, de l’être, les sillons. Le sablier dans le coin, en bas à droite à l’entrée du placard, s’écoulait de plus en plus lentement, reflétant l’intensité si bien apprivoisée de leurs échanges plein d’amitié.

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