mercredi 13 juillet 2011

délire d'équilibriste

« Ce que nous voyons devant nous n’est qu’une partie infime du monde. Nous prenons l’habitude de penser, ceci est le monde, mais ce n’est pas vrai du tout. Le monde réel est un endroit plus sombre et plus profond que ça, et il occupé en grande partie pour des méduses et des choses ». Haruki Murakami.

« Le mot relie la trace visible avec la chose invisible, la chose absente, la chose qui est désirée ou crainte telle une frêle passerelle jetée au-dessus d’un abîme ». Italo Calvino.

Profondeur du monde où l’onde sonde les plus effroyables émois. Moi du doute sur les abîmes du film de la vie, en catimini. Funambule dans sa bulle, au-dessus des tréfonds sans fond, l’équilibre vibre de milles et une nuit d’insomnie. Être la passeuse qui délire, dé-lire les courbures lettrées déliées, dans un délit qui relie et relit sur le lit de la vie. Mort-né, les sensations emportent de l’être les sillons. Mot-né, monnaie d’échange de l’ange de la vie, bruit de fond d’une nativité qui se veut créativité ; seules ces courbures lettrées permettent de ne pas tomber. Tomber sans fin dans une incohérence qui rend rance.

Le monde paraît dans un trait, concrétude du prélude, et tout semble fondé sur les bases de la réalité. Pourtant ce « n’est qu’une partie infime du monde », onde de choc qui percute dans la hutte. Inconsolable la petite en soi. L’absolu du Réel, toxique fiel, la terrifie dans sa lie. Suspension d’un dépôt d’elle-même dans le liquide de l’absolu qui met tout à nu. Morcellement d’une consistance qui doit faire son deuil ; un recueil cueille les courbures lettrées. On est moins que rien dans un a-lien qui détient, délite et méshabite ; le Transvivant nous emporte dans les courants. Les émotions se sont dissoutes dans le fleuve du Réel. Elles ressurgissent du dehors, pleines d’étranges sorts.

Elles ressurgissent du dehors, dans le dé-corps. Le voile du familier s’est effondré et les sensations se diffusent et fuse le Réel toxique fiel. Elles ne sont plus recouvertes par le flot du langage tel « une frêle passerelle jetée au-dessus d’un abîme ». Cime, pararoxysme des sensations, elles se délitent dans le Réel, et trouvent écho dans les flots des tréfonds sans fonds. En s’échappant du voile du familier, elles retournent à l’état brut et entrent en résonnance avec les anses du Réel. Reste à faire sens pour ne pas se faire encensée, insensée et fluide lignée. Les sensations réapparaissent au dehors, mais se sont mêlées à la mort, à l’absolu, à la disparition du désir ; elles forment une pâte informe, qui nous parle des mondes parallèles qui s’amoncellent dans le ciel. Nuageux et creux, écru, qui l’eût cru, les différentes dimensions énergétiques se font tiques suceuses de vie-à-vide. Les sensations, en passant par le dehors, se chargent d’ondes énergétiques et reviennent au corps dans un brouhaha sans code, ôdes et fracas. Fera cas, on ne fera pas, le feu ratisse comme on tisse, tisserand dans les rangs. Oblongue obsolescence, la quintessence de la vie se voit vide d’être trop pleine. L’absolu donne un plein, trop-plein, qui, par contamination opiniâtre, se voit équivalent au vide-à-vide. Dans ces couches diaphanes, la possibilité de muser se voit annihilée. Seul reste l’absolu dans un hurluberlu fondu.

Seul ce que les autres appelle délire peut faire tenir sans mourir, équilibriste sur la piste des différentes dimensions énergétiques. Seul ce « délire de l’équilibriste » n’est pas factice dans le Réel, toxique fiel.

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