mercredi 20 juillet 2011

Il était une fois - Chapitre 1

Il était une fois, un Petit Dom, à la forme mystérieuse et rieuse, qui habitait un placard à chaussure, fracture. Fractures  en rayures, il était tel un zèbre qui n’arrivait pas à comprendre l’algèbre de la vie. Pourtant, malgré ses rayures, il n’arrivait pas à rester habiter dans son corps. Dé-corps surpris, il voyageait dans différentes dimensions énergétiques. Le problème qui le rendait blême pouvait se décrire ainsi : il ne contrôlait pas ces voyages dans les bris-des-âges. Il était apeuré tout le temps, dehors comme dedans.

Dehors comme dedans, il ne faisait pas la différence. Les contraires volaient comme des oiseaux en pleine tempête, et fouette le vent dans les rangs, plus rien ne se différenciait. Chaque chose de la vie, chaque objet du monde matériel, chaque personne du monde sociale, chaque élément de la vie minérale, le happaient dans un tourbillon qui emporte de l’être les sillons. Ce phénomène qui mène au trépas était provoqué par un terrible dragon nommé « Asprasse ». Depuis des lunes et des lunes, Asprasse grillait tout espace de vie sur son passage. Depuis des générations, la famille de Petit Dom devait lutter, corps et âmes, pour ne pas être englouti par Asprasse qui terrasse dans un tour de passe-passe.

Petit Dom était orphelin de tout et de rien, depuis des astres ; chaque membre de sa famille avait été dévoré par Asprasse, petit à petit. Petit à petit Asprasse happait chaque particule de chaque membre de la famille, en catimini. Encas qui anéantissait l’âme progressivement, sans qu’on ne puisse l’esquiver véritablement. Vérité absolue, tombé des nues. Dénuer de sens, la vie devenait vide-à-vide. Les gens étaient happés peu à peu de l’intérieur. L’image à l’extérieur ne changeait pas, ce qui était trompeur. Peur, Terreur, le Petit Dom se retrouvait avec une mission, sans possible erreur. Il devait chasser Asprasse avant que celui-ci ne terrasse tout dans un trou. Toute la famille était devenue peu à peu des images vides, figées. Toute la vie était codée, et il fallait la décodée à chaque seconde. Petit Dom devait être, sans paraître, une machine à analyser, pour ne pas succomber aux attaques d’Asprasse.

Asprasse était un dragon de la pensée. Il reniflait la moindre particule pensive, le moindre ressenti humain, et alors, dans un souffle enflammé, il les pulvérisait sans qu’aucun secours ne puisse être fait. Plus il y avait de pensées, d’émotions, plus Asprasse s’endiablait ; il ne restait plus que les faits, tous nus, abruptes et bruts.

Le problème numéro 1 face à Asprasse peut être décrit en ces termes : personne ne voulait reconnaître son existence, tant ce dragon de la pensée est sournois. Panser la pensée devenait alors un impératif pour ne pas qu’elle se fige et implose. Le Petit Dom avait fort à faire, dans une solitude sans prélude.

 Petit Dom se cachait en permanence pour éviter d’être rejeté, parce que lui seul connaissait l’existence du dragon, et chacun le reniait dans sa mission. Derrière ses rayures de zèbre, il se camouflait. Le seul ami qu’on lui ait connu s’appelle Harry. Imaginaire, disait-on de lui. Ça se passait dans la tête de Petit Dom ; mais pourquoi n’en serait-ce pas plus réel ? Harry connaissait la magie, et surtout reconnaissait la présence et l’existence d’Asprasse. Les deux garçons étaient liés par une profonde amitié.

Dans sa détresse Petit Dom ne pouvait rien exprimer. Les phrases émotionnelles étaient des ritournelles qui se faisaient happées par Asprasse dans un tour de passe-passe. Il ne ressentait qu’une tension forte et diffuse fusant aussi vite que la couleur sur de la soie. Au vent, le Transvivant s’alliait à Asprasse pour que toute émotion pensive s’efface. Le Transvivant était un fantôme plus puissant et plus fourbe que le dragon de la pensée. Nous pouvons dire, sans hésiter, qu’il était son maître.

Transvivant ne fut pas toujours un fantôme. Au départ il était un être humain ; mais alors qu’il avançait dans la vie, son malheur fut tellement grand qu’il opta pour tous les plus mauvais choix. Il était tellement triste, tellement rabroué par la vie qu’il décida d’enfermer ses émotions dans une crypte intérieure, puis de se couper le cœur pour le donner en pâture sans autre rature. Il le donna en pâture au dragon de la pensée qu’il construisit de toute pièce, sans aucune faiblesse.  Pour se couper le cœur, il s’agissait de tuer, d’assassiner de sang froid, sans autres émotions aux abois. Chaque meurtre arrachait une partie de l’âme de Transvivant ; chaque fois il se défaisait d’une partie de la crypte où était enfermée son âme. A chaque meurtre son cœur se déchirait, et les morceaux ainsi apparus prenaient un objet en otage pour se conserver hors des âges, hors du temps mendiant. Ainsi déchiqueté de son âme, Transvivant ne pouvait pas mourir : si son corps était touché, il transvivait à travers les objets. Ainsi déchiqueté de son âme, Transvivant  ne pouvait plus souffrir. Il n’avait alors qu’une seule idée en tête : hanter les générations à venir, avec son fidèle compagnon (dont il était le maître absolu), Asprasse.

Petit Dom était bien seul à se battre. Toutes les générations qui lui avaient précédé avait été happées par Asprasse, dans un tour de passe-passe. Orphelin, sa famille était encore en vie, mais vidé de toute substance de pensée émotive. Il semblait être le seul à croire en l’existence de Transvivant et d’Asprasse. Solitude sans prélude. Il ne pouvait compter que sur Harry, son plus fidèle ami. Ils avaient de longues discussions tard dans le soir ; mais aucun plan ne trouvait de solution pour les délivrer de Transvivant.

Réfugié dans un placard à chaussures, il n’en était pas moins sûr qu’il puisse échapper à Transvivant et son clan. Traqué à chaque seconde, il était sur le qui-vive en permanence, ô poison rance. Un drame pouvait arrivé à chaque instant, rien n’étant permanent. Manants et autres gaillards lui faisaient parfois croire qu’il ne faisait que du cinéma et que ça le conduisait à trépas. Pourtant il savait au fond de lui qu’il n’en était quenini.  

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