Des mots s’enfilent et se rembobinent, resplendit la mine. Déminer le chant appointé des mots prisés. Mais brutalement l’Ogre du Transvivant coupe le fil de la parole, impensable action folle. Point de moindre obole ; bienvenue dans un monde sans pitié, une réalité sans fond à l’infinité.
Massacré, le gardien des lettres qui donnait du sens au lien ; plus rien ne tient. La parole, farandole, est brisée en milles et uns éclats en fracas.
La petite fille est projetée dans un monde d’inanité. Mort du corps dans le dé-corps froid et sournois. Anacoluthe de la vie, on ne vit plus que des hapax sans la moindre relaxe. La glace se fend, ça glisse, ça crisse, le cri emplit la béance rance, sans aucune réponse, once de vie. Dévient les mouvements dans le vide béant. Elle coule sous la houle, la glace la foudroie, plus rien ne bouge aux abois. Elle attend le fond pour, sur un ton, rebondir et faire fuir l’asprasse, mais rien ne se passe : il n’y a pas de fond, le filet des mots aux aguets a été tendu et rompu. Le gardien des lettres a été massacré par l’étrange inanité du Transvivant. Ça presse, ça oppresse, l’air vient à manquer dans ce vide-à-vide, opprimé. La petite fille va exploser en nuées dès la première goulée. Ses poumons se remplissent d’eau, sermons d’un adieu qui, se dire, ne se peut.
Il suffit de volonté, disent certains. Mais quand l’infinité n’est plus sous la coupole de la parole, comment trouver une unité ? Il n’y a que les fracas d’un vide aux abois qui, de la glace, répond au froid. Comment sous l’eau glacée, à moitié inanimé, trouver une identité ?
A vous de l’écrire sur les ondes du relief, prenez la plume et dites aux sons cette politique de repli qui ne veut pas dire son nom. La dévoration des sions de l’être peut être un peu exprimée par des courbures lettrées. Traits poétiques pour amadouer la tique suceuse de vide-à-vide. Les courbures lettrées ne sont plus de lettres, le gardien étant massacré. Mais les courbes et les trait désalourdissent le quotidien vide de plein. Ils créent des vagues dans le jour désempli, ils façonnent, modèlent le Transvivant qui écartèlent. Ils permettent de partager, à qui a l’oreille assurée, cette étrange réalité.
Cette réalité en décalage, murmure de- bris-des-âges. Cette réalité de différence qui rend le lien à autrui rance. Cette réalité qui a perdu ses anse de sens. Cette réalité qui n’a plus d’unité, le voile du familier s’étant déchiré.
Réalité réanimée le temps d’une courbure lettrée. L’instant d’après, il n’y a plus rien, tout s’est effondré, par le Transvivant néantisé.
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