Ça vire, ça chavire, le moindre mouvement du corps met en dé-corps. Les profondeurs troubles reflètent le chaos du monde, dans l’eau. Les muscles tirent, prêts à se briser, sur la pagaie qui glisse. Le corps dans un effort expire et part en charpie, l’asprasse se fait aspuire dont tout cherche à nuire. Ce monde paraît bien menaçant sur le versant. Besoin de fuir avant que tout ne chavire, mais nécessité de rester jusqu’à ce que tout soit terminé. L’eau ruisselle sur le kayak, ne laissant dans le corps que bouillis de décors. L’aspuire enfonce la tête dans un chaos qui fait froid dans le dos. Humidité rance qui, dans une traitresse danse, tisse les tresses du désêtre.
Mais il faut se cacher, pour que rien ne soit parlé, pour que rien ne se voit du désarroi aux abois. Les gens ne doivent rien connaître du désêtre traitre. Sinon nous voilà stigmatisé comme le dernier des ratés…
Sensation de ne pas être là, dans cette eau ici-bas. Sensation de ne pas être dans ce corps, de fuir le dé-corps des brûlures des muscles qui en un instant furent. Sensation de perdre de l’être les sions. Sans ça, sans les sions, le corps se perd dans le méandre de la tension pure, du vécu à la dure. Doit-on lutter et persévérer même si le corps manque d’unité ? Ou doit-on laisser tomber ? L’effort physique est une mise à mort. Mort de la tête qui s’entête à ne plus être. Fuite de la raison quand le corps perd ses sions. Impossible de ressentir du plaisir ou même la sensation d’être vraiment là sur cette eau ici-bas. Sensation de subir, jusqu’à ce que cesse le martyre.
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