Ne pas faire ce qu’il est trop difficile d’affronter
« Ne pas faire ce qu’il est trop difficile de faire ». Petite île de phrase qui dit et rassure, quel soulagement ! L’heure n’est plus au leurre qui ment. On peut être, ou désêtre, sans être rejetée, niée ou malmenée. On a le droit d’exister malgré les faiblesses dites psychotiques, droit de respirer entre les bouffées d’apnée, quelle nouvelle fantastique ! Droit de ne pas être bien, droit de ne pas pouvoir tout affronter, comme entre amis les dîners, comme aller boire un verre dans le café d’à côté, comme quitter vite la maisonnée. Droit de dire qu’on se sent éparpillée et morcelée, la peau déchiquetée, les organes broyés. La honte de la ponte de ce bébé malformé est mise de côté. Métamorphose de ce malformé en anse de création. L’hospitalisation donne sens, elle donne, elle est essence d’un lieu d’intimité. Intimidé par cet espace, l’asprasse tente d’y marqué sa trace. Mais les soignants, le lieu et les médicaments font une peau qui se bat contre le harcèlement de la toutisation. Solution d’une peau thérapeutique que toute l’équipe pose aux alentours. L’intimité partagée des ateliers et des lieux où l’on est vraiment écouté en vérité. Laboratoire expérimental où l’extérieur prend de porter ce qui ne peut pas être marqué à l’intérieur : une peau solide, un lieu d’intimité, un droit à ne pas se confronter à de trop grandes difficultés, droit d’exister. Et de ce fait, comme c’est soutenu par l’extérieur aux pourtours de soi, on peut y goûter, en expérimenter les saveurs. Tout ça fait encore frayeur, et on a du mal à le prendre à l’intérieur. Mais en cet instant on tend à sentir les béquilles, les quilles de potentielles greffes, disposées par l’extérieur, un extérieur qui tient en continu même quand l’asprasse ravage l’intérieur. La toutisation en fait vaciller les points d’accroche, on en est souvent éjecté, mais ça reste là, sans faux touaille. Le lien avec ces greffes est dur à faire tenir, mais l’équipe, elle, tient et c’est fantastique.
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