dimanche 24 octobre 2010

L’atelier de l’artiste

Forme longiligne du pinceau qui marque de son sceau touffu la feuille blanche. Les couleurs se mélangent en tonalités parfumées, menthe douce qui ressource l’odorat. Aux aléas de l’eau colorée ruisselant de la tasse, la feuille se remplit de courbures lettrées dont le ballet danse au bruit des billes roulant sur le sol penchant. Pencher sur son esquisse, l’artiste bruisse de milles et une exclamation et susurre ; il suspend la feuille au gré du vent, par le pendant des pinces à linge. Il saisit la brosse et voltige les couleurs aux brins dressés de l’objet ; ça crisse sur la feuille lisse. Pour donner du mouvement, le voilà parti à rouler et jouer de la balle de ping-pong : de larges et discontinues courbes habillent la feuille nue. Il pose la balle dans la salle, sur la cuillère disposée là hier. Dit, poser ainsi celle-ci, n’est-ce pas la garantie de la retrouver avec joie en souvenir dans l’avenir ?
Mais patatras, un vent violent se fait tempêtant et la feuille s’arrache des pinces qui la tenaient ; déchiquetée en multiples morceaux, c’est le sceau de sa mort qui sonne le glas… Panique fantastique de l’artiste… Comment survivre déchiqueté et harassé ?
C’est à ce moment que la fée des arts sort du Moulin et lui apporte par la porte, un scotch tant espéré. Ruban adhésif qui, par la douce voix de la fée qui croit à la réelle catastrophe de l’évènement, se fait incisif et recolle en deux temps trois mouvements les morceaux qui s’étaient mis dos-à-dos. La vie peut reprendre pou l’artiste, à nouveau il peut respirer, et la maisonnée reprend son mouvement. Le clic-clac des pinces, le roulement des billes, le gling de la balle dans la cuillère, des gouttelettes de bonheur, à la bonne heure !

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