dimanche 24 octobre 2010

Départs[1]

Céline part dans un départ qui fout le cafard ; explosion du cocon qui faisait une maison, explosion des ritualisations qui donnaient à l’être des sions. Peur, frayeur de l’heure où elle va disparaître par l’arrête de la porte. Effondrement du moment où tout part au hasard.
Sa présence rassurante constituait une tente, un refuge. Discrétion et écoute étaient les boutes de notre navire sur lequel dormir. Chacune sa place, son espace, dans un partage des-bris-des-âges.
Son départ est impensable, fait plonger dans les sables mouvants de tout ce qui ne peut être intériorisé. On n’arrive pas à situer tout ce que ce lien nous a apporté. Impossible de le mettre en mots, les maux brouillent et embrouillent.
C’est comme si on ne formait qu’un sur l’opportun navire qui était le sien. Alors la séparation disloque les sions de l’être. Elle était un pilier de ce moment hospitalisé.
Les ressentis sont figés et ensuite vaporisés. La tristesse n’arrive pas à s’exprimer en liesses sur les ailes de la grive. Amas informe d’émotions qui dans leurs sensations sont vaporisées. Tristesse, effondrement, déception, frayeur… tout se mélange en langes bien insécurisantes.
Frayeur de devoir, le soir, se retrouver coincé avec un parfait inconnu. Envahissement et délitement de l’inconnu, de l’image con et nue, qui intruse la bulle de protection. Intrusion violente qui viole lentement la bulle d’intimité. L’intime devient mité par l’étrange inconnu, envenimé, intrusé. Corps étranger qui s’installe dans le corps-chambre et menace d’implosion. Attaque par l’intérieur comme un cheval de Troies qui morcelle et qui broie.
Céline part dans un départ qui fout le cafard. Peur, frayeur à l’heure de leur bonheur. Les départs sont toujours de mauvaises heures.


[1] Départ de ma voisine de chambre à la clinique

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